Des détails sur le nouveau groupe parlementaire allié au chef du gouvernement

Des détails sur le nouveau groupe parlementaire allié au chef du gouvernement

Les contours de la constitution d’un nouveau groupe parlementaire allié au chef du gouvernement se précisent. Le projet visant à créer ce bloc à l’Assemblée, avec des « marcheurs » dissidents, est bel et bien sur les rails. Les choses semblent assez avancées.

Dans un communiqué publié jeudi 14 Mai et signé par son président Rached Ghannouchi, le mouvement Ennahdha a exprimé son opposition aux tentatives visant à créer un nouveau groupe parlementaire à travers les défections de députés d’autres blocs.

« Des informations dans les coulisses de l’Assemblée des représentants du peuple font état de mouvements visant à former un nouveau bloc parlementaire et à alimenter les divisions au sein de certains blocs parlementaires », a indiqué le communiqué. Ennahdha « exprime son rejet total de ces efforts, qui ne peuvent qu’alimenter davantage la tension politique, la rupture et les dispersions, alors que le pays a un besoin urgent de consensus et de se rassembler pour confirmer le succès de la guerre contre l’épidémie et la pauvreté ».

Selon nos informations, deux conseillers auprès du chef du gouvernement Jawhar Ben Mbarek et Adnane Ben Youssef, auraient déjà travaillé sur l’élaboration d’un document de référence pour la formation de ce groupe qui devrait constituer une ceinture parlementaire pour le chef du gouvernement. Alors que, selon le journal Echourouk de ce samedi 16 mai, le député de Tahya Tounes Mehdi Ben Gharbia et le ministre des relations avec le Parlement Ali Hafsi s’activeraient à démarcher certains députés pour rejoindre ce nouveau groupe. Et ce sont les députés de Qalb Tounes qui sont les plus visés. En plus de quelques indépendants. D’ailleurs, le parti de Nabil Karoui connait déjà des défections. L’ancien président de son groupe parlementaire Hatem Miliki a démissionné avec huit autres membres dont Ridha Charfeddine et ont constitué un nouveau bloc : « le bloc national ». Trois autres leur ont emboité le pas et le dernier est Zouuhaeir Makhlouf qui a, dans un statut publié sur sa page Facebook, décrié l’absence de démocratie à l’intérieur du parti.

Sentant le danger, le groupe de Qalb Tounes, soutenu par Ennahdha et la Coalition al Karama, a présenté un projet d’amendement du règlement intérieur de l’Assemblée pour interdire le tourisme parlementaire. Le chef de son groupe Oussama Khlifi a annoncé l’adoption par la commission du règlement intérieur de l’ARP l’article 82 du projet d’amendement du règlement intérieur de l’Assemblée. Cet article stipule : que « Si un membre de l'Assemblée des représentant du peuple démissionne du parti, de la liste ou de la coalition électorale sous la bannière desquels, il s'est présenté il perdra automatiquement sa qualité de membre du Parlement. La vacance de tout cela sera transférée à la partie d’où il a démissionné ».

Mais ce projet d’amendement est jugé anticonstitutionnel par le Président de la république Kais Saied en personne qui a affirmé que « le député est élu par le peuple et non par les partis ou les blocs. Seuls les électeurs ont le droit de lui retirer la confiance ». Deux éminents juristes Amine Mahfoudh et Slim Laghmani ont abondé dans le même sens. « Une tentative désespérée d'éliminer ce qui a été qualifié de tourisme partisan », pour Mahfoudh. « Une telle modification, si elle était adoptée, serait inconstitutionnelle. Il faudrait, pour cela, modifier la loi électorale, non le règlement intérieur de l'ARP », selon Laghmani.

Le député dissident Hatem Milki qualifie ce projet « d’esclavagisme partisan ». Il estime que si ce projet passe, les allégeances des élus seront réorientées vers les présidents des partis politiques au lieu du pays ».

Le diner de l’Iftar organisé par le chef du gouvernement en l’honneur des chefs des partis et groupes parlementaires de la coalition gouvernementale semble avoir calmé tant soit peu les esprits. Un projet de document sur la « solidarité et la stabilité » leur a été soumis et qui devrait être signé su cours de la semaine prochaine.

Mais ce n’est qu’une accalmie précaire. La constitution du nouveau groupe parlementaire est déjà lancée. 

B.O

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