Document : La « stratégie » des Emirats pour « casser l’alliance Nidaa-Ennahdha »

Document : La « stratégie » des Emirats pour « casser l’alliance Nidaa-Ennahdha »

 

L’Etat des Emirats Arabes Unis s’intéresse à la Tunisie. Ça on le sait depuis longtemps. Mais que ce pays frère manigance toute une stratégie dans le but d’avoir pied dans la scène intérieure tunisienne on a à peine à le croire ?

C’est pourtant le but affiché d’un document de sept pages élaboré semble-t-il par l’Emirates Policy Center (Centre politique des Emirats) et daté du 1er juin 2017.

Si la véracité du document venait à être confirmée, ce serait une forme d'ingérence grave dans les affaires intérieures du pays. L’ambassade des Emirats en Tunisie est appelée à réagir.

Ce document récent qui fait le buzz sur internet, a pour objectif essentiel de contrecarrer l’influence du Qatar dans le paysage politique et économique tunisien jugé encombrant d’autant que ce dernier Etat soutient le mouvement Ennahdha considéré comme une formation d’obédience « Frères musulmans », la confrérie honnie dans les Emirats arabes unis.

La situation en Tunisie est jugée sous quatre angles : la permanence de la crise économique et sociale, la faiblesse du gouvernement de coalition, l’absence d’un leadership fort capable de sauver la situation et enfin les divisions du front hostile au mouvement islamiste Ennahdha. Selon le texte, deux pays arabes prédominent sur la scène tunisienne, à savoir l’Algérie qui considère la Tunisie comme son espace vital et le Qatar, l’allié fort d’Ennahdha et de son leader Rached Ghannouchi (qui entretient des relations intenses et directes avec l’Emir du Qatar et son gouvernement).

Après une étude sur les composantes du paysage tunisien et les difficultés que connaît le pays, le document dont l’authenticité doit être vérifiée par les autorités Tunisiennes, en arrive à proposer trois volets pour peser sur la scène nationale.

Le premier a trait au renforcement de l’islam de la Zitouna affaibli au cours de l’ère bourguibienne.

Quant au second, il consiste à « casser » l’alliance entre Nidaa Tounés dirigé par le fils du président Béji Caïd Essebsi et le mouvement Ennahdha et ce à travers la constitution d’un bloc politique « proche » (des Emirats). Au sein de ce front, il voit les transfuges de Nidaa sous la conduite de Mohsen Marzouk qui a formé le mouvement Machrou3 Tounés, ainsi que des leaders qui bénéficient du respect et de la considération à l’image d’Ahmed Néjib Chabbi.

Il préconise aussi une « ouverture » sur d’anciens leaders destouriens qui sont restés en dehors du paysage actuel. Parmi ceux-là il mentionne Rachid Sfar, Mustapha Filali, Mansour Moalla mais aussi Kamel Morjane.

Pour le troisième volet, il est question de « contrecarrer l’influence du Qatar ». Pour ce faire, le document préconise l’ouverture de « canaux » avec les deux principales organisations sociales du pays, l’UGTT et l’UTICA, notamment leurs chefs Noureddine Taboubi(un professionnel du syndicalisme) et Ouided Bouchamaoui( issue d’une riche famille qui a formé sa fortune dans le pétrole).

Il propose ensuite la mise en place de partenariats économiques et financiers. Les médias et la culture ne sont pas oubliés, comme de bien entendu.

Le document préconise même la création d’un « pôle médias » composé d’un journal quotidien, d’une radio et de la chaîne de télévision pour influencer l’opinion publique.

Pour la culture, il propose le renforcement de fora de la société civile dans ce domaine ainsi que la collaboration avec des institutions comme l’Académie Beït El-Hikma dirigée actuellement par Abdelmajid Charfi considéré, juge-t-il, « comme une des personnalités les plus hostiles à la ligne de l’islam politique. »

Ce document s’il s’avère authentique est pour le moins curieux puisqu’il s’agira dans ce cas, ni plus ni moins que d’une ingérence intolérable dans les affaires intérieures tunisiennes.

Il est de ce fait inacceptable. Nous ne pouvons dans ce cas, que dénoncer cette volonté d’un pays étranger, fut-il frère de s’immiscer dans la scène politique tunisienne.

Les choix souverains du peuple tunisien ne sont que du ressort des Tunisiens et de personne d’autre. Cela doit entendu par les Emirats Arabes Unis comme par le Qatar ou tout autre pays dans le monde.

Espérons seulement que ces accusations s’avèrent infondées et que ce document fuité ne s’avère pas aussi authentique car la Tunisie ne peut pas tolérer qu’on s’ingère dans ses affaires intérieures.

RBR

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