Elyès Fakhfkah et le déni embarrassant

Elyès Fakhfkah et le déni embarrassant

Contrairement à sa première apparition le 03 avril dernier au cours de laquelle il a tenté de rassurer sur la situation générale du pays frappé de plein fouet par la crise du Covid-19, Elyès Fakhfakh est passé complètement à côté du sujet.

Longue a été l’interview du chef du gouvernement Elyès Fakhfakh diffusée, dans la soirée d’hier, sur deux chaines privées, Attessia et Mosaïque FM.  En plus de 90 minutes le locataire de la Kasbah a tenté de se présenter en tant que chef incontesté d’une coalition fissurée, sauveur d’un pays en déconfiture, endossant les habits de l’homme providentiel. « Dieu a voulu que je revienne ».

On s’attendait à ce que le chef du gouvernement se limite à l’évaluation de la situation au cours de du confinement et à l’annonce des nouvelles mesures pour la nouvelle phase du déconfinement. Mais, l’interview a débordé pour faire le bilan des 100 premiers jours du gouvernement, et profiter pour exprimer sa fierté du travail fait pendant la crise. On a le sentiment d'une autosatisfaction, d'une autocongratulation sur la manière dont cette crise a été gérée. « La gestion de la crise sanitaire est devenue un modèle pour certains autres pays ». Voilà qui rappelle cette déclaration du « peuple qui a ébloui le monde » ! C’est la même école. Alors qu’en fait cette crise sanitaire a provoqué des pertes d’emplois, aggravé la situation des PME, mis à nu la situation catastrophique de la santé publique…Un déni embarrassant.

Fakhfakh a renoué avec des slogans éculés qui ont montré leurs limites. Des effets d’annonce, sans solutions pour un avenir incertain. Au lieu de faire passer des messages rassurants et de lancer des appels à l’unité, au resserrement des rangs, il nous a revendu de « l’état fort et juste », de la fermeté contre la corruption qui gangrène tous les secteurs la vie publique et qui gagne des pans entiers du corps social et politique du pays. Promettant, au passage des « douleurs et des larmes, comme l’a si bien écrit Soufiane Ben Farhat.  Comme pour « pasticher d’une manière tragi-comique Bismarck qui voulait tout faire "par le fer et par le sang".  

Avenir incertain

Aujourd’hui, ceux qui ont un travail sont déjà très inquiets quant au devenir de leur emploi. Alors que ceux qui n’en ont pas vont souffrir davantage. Plus de 400.000 nouveaux chômeurs attendus et le nombre risque de grimper jusqu’à un million. Pas de solutions prévues pour une économie qui saigne à blanc, un tourisme sous perfusion, des caisses sociales plombées par les dettes, des prix toujours en nette hausse et une situation sociale explosive…

Il y a comme un déni surréaliste sur le bilan de la crise.

Même si l’on reconnait un certain nombre de satisfactions dans les annonces du chef du gouvernement, Elyès Fakhfakh semble, plutôt, préoccupé par sa situation personnelle à la Kasbah que par celle du pays.

Contrairement à sa première apparition le 03 avril dernier au cours de laquelle il a tenté de rassurer sur la situation générale du pays frappé de plein fouet par la crise du Covid-19, Elyès Fakhfakh est passé complètement à côté du sujet. Alors qu’il est important de rassurer au moment où la crise est, selon lui, derrière nous, de rassurer de manière transparente, sincère et non anxiogène pour éviter de semer la panique chez les Tunisiens.

B.O

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