Emploi Tunisie: plusieurs mesures en faveur des diplomés du supérieur

La qualification des ressources humaines a toujours figuré au premier rang des priorités fixées dans les stratégies

de développement intégral en Tunisie.

Les réformes initiées dans le domaine de l'éducation, de la formation et de l'enseignement supérieur, ont donné forme à une nouvelle approche consacrant la complémentarité entre ces trois volets, conformément aux normes internationales.

La dimension prospective de cette approche a eu pour effet le rapprochement des institutions éducatives du marché du travail en tablant sur le moyen et le long terme. Objectif : tirer le meilleur profit des crédits importants investis chaque année dans la qualification des ressources humaines, au service du développement national.

Le nombre des diplômés de l'enseignement supérieur a enregistré une évolution sans précédant, passant de moins de 4500 en 1987 à plus de 55 mille en 2007. Ce chiffre sera de 100 mille en 2014.

Pour faire face au défi de l'emploi des diplômés du supérieur, la Tunisie, a, dans toutes les réformes économiques et sociales qu'elle a entreprises, tenu compte de cette nouvelle donne afin de consacrer le principe du droit au travail pour tous.

Les efforts se sont dès lors, axés sur l'impulsion du rythme de croissance et de l'investissement et l'amélioration du taux de satisfaction des demandes additionnelles.

A noter que 55 % des demandes additionnelles proviennent des diplômés des universités (2008).

De nouveaux mécanismes de l'économie solidaire, à l'instar du Fonds de solidarité nationale (FSN), le Fonds national de l'emploi (FNE), la Banque tunisienne de solidarité (BTS) et le système des micro-crédits et autres structures d'appui et de financement ont vu le jour, sous l'impulsion du Président Zine El Abidine Ben Ali.

La Tunisie a, ainsi, programmé 218 mille emplois au profit des diplômés du supérieur (XIè plan de développement 2007/2011), soit une moyenne annuelle de 43 mille 600 emplois, contre 26 mille seulement au cours du Xè plan (2002/2006).

A plusieurs reprises, le Chef de l'Etat a mis l'accent sur l'emploi des cadres, en tant qu'enjeu national qui commande la conjugaison de tous les efforts. Une série de mesures et d'incitations présidentielles ont été prises pour favoriser l'insertion de cette catégorie dans la vie économique.

Une campagne de recrutement dans le secteur privé

Considéré comme le premier secteur pourvoyeur de postes d'emploi en Tunisie, le secteur privé fournit chaque année, environ 91 % des emplois. La part de ce secteur s'élève à 60 % de l'ensemble des investissements globaux.

Une tendance que l'Etat tunisien entend confirmer davantage. Lors d'un conseil ministériel du 3 juillet 2008, le Président de la République a ordonné le démarrage, auprès du secteur privé, d'une campagne de recrutement des diplômés de l'enseignement supérieur.

L'opération dont l'exécution a été confiée aux services de l'emploi en collaboration avec l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA), a pour objectif d'optimiser le taux d'encadrement des entreprises et de renforcer leur compétitivité.

Le taux d'encadrement concerne le nombre des cadres diplômés du supérieur travaillant dans les entreprises.

De l'avis des experts, ce taux, actuellement de 14 %, reste modeste. Il sera porté à 18 % en 2011. A titre de comparaison, le taux se situe entre 20 et 25 dans les pays de l'Union Européenne (UE).

Le recrutement des diplômés du supérieur est encore perçu comme une charge financière additionnelle pour l'entreprise privée, ce qui a conduit l'Etat à intervenir pour mettre en place des mécanismes incitatifs à l'emploi des futurs cadres.

Incitations du secteur privé à recruter

L'Etat s'engage à verser, pendant une année, 50 % des salaires des jeunes diplômés recrutés avec un plafond ne dépassant pas 250 dinars par mois.

L'Etat peut également prendre en charge, pendant une durée de sept ans, les cotisations des patrons au système de la sécurité sociale.

Autres mesures incitatives : Le fonds national de l'emploi (FNE 21/21), versera, de son côté, et pendant une durée de trois ans, une partie des salaires des diplômés du supérieur recrutés par les entreprises privées dans des spécialités où l'intégration est difficile.

Le FNE versera, au cours de la première année, 75 % du salaire du bénéficiaire (avec un plafond de 375 dinars par mois), 50 % au cours de la deuxième année (avec un plafond de 250 dinars par mois) et 25 % la troisième année (avec un plafond de 125 dinars par mois).

Vers une économie à forte employabilité de diplômés

 

La Tunisie œuvre à diversifier sa base économique en évoluant, progressivement, vers l'économie immatérielle prompte à accélérer le rythme du développement et à créer des emplois pour les diplômés du supérieur.

Le gouvernement a entamé l'élaboration de stratégies dans des secteurs porteurs comme les technologies de la communication, les services de santé, l'agriculture biologique, les industries agroalimentaires et les composants aéronautiques.

A la faveur des incitations de l'Etat destinées à promouvoir les investissements, les secteurs à forte composante de savoir représentent désormais 21,7 % du PIB (chiffres de 2007) alors qu'ils représentaient 16 % en 2001. Ces chiffres devraient connaître une nouvelle croissance à l'horizon de 2011 pour atteindre 27,5 %.

D'autre part, la reforme du système éducatif et l'adoption du système Licence, Mastère, Doctorat (LMD), constitue un choix qui offre de meilleures perspectives d'emploi aux diplômés du supérieur à travers l'instauration d'une formation et des diplômes orientés vers le marché du travail.

Les filières scientifiques et techniques prometteuses ont été modernisées pour renforcer le taux d'employabilité comme l'informatique, la communication, les multimédias, les études appliquées. L'augmentation du nombre des filières spécialisées conforte ces choix. La Tunisie compte actuellement 580 filières spécialisées dont 118 en ingénierie, 135 licences appliquées et 103 diplômes universitaires de technologie.

Le nombre d'étudiants inscrits dans les filières de l'informatique, de communication et de multimédias atteindra, par ailleurs, 50 mille en 2009.

Afin de renforcer l'employabilité des diplômés du supérieur dans les secteurs innovants, le FNE a mis en place un programme de formation spéciale dans le domaine de l'informatique, des multimédias et des NTIC qui a profité à 46 mille titulaires d'une maîtrise dans plusieurs filières.

Le FNE consacrera prochainement les deux tiers de ses ressources au programme d'encadrement des demandeurs d'emploi diplômés du supérieur.

Rappelons qu'un conseil ministériel réuni le 6 juin 2008 sous la présidence du chef de l'Etat a décidé de poursuivre la mise en œuvre du programme de formation complémentaire pour préparer les jeunes diplômés à intégrer le marché de l'emploi à travers une formation diplomante conforme aux normes internationales assurée en collaboration avec les institutions universitaires et le FNE.

Des stages d'insertion à la vie professionnelle

Créés en 1987, les stages d'initiation à la vie professionnelle (SIVP) concernent les titulaires d'un diplôme d'études universitaires (BAC+2 au minimum). Ils sont destinés à augmenter les chances des demandeurs d'emploi à trouver du travail.

En constante augmentation, ces stages ont profité à 13000 jeunes, en 2004. Ils étaient 31000 à en profiter en 2007. En 2008, le nombre atteint 36 mille.

L'Etat exonère les entreprises qui accueillent les Stagiaires, des cotisations sociales durant toute la durée du stage. Les stagiaires perçoivent un salaire de l'Etat, l'entreprise d'accueil leur octroie un complément financier.

Enraciner la culture de l'entreprise

L'Etat a mis en place une stratégie nationale afin de diffuser la culture de l'initiative et du compter sur soi durant le cursus scolaire et universitaire tout en incitant à profiter des mécanismes de mise en place pour encadrer, financer et soutenir les jeunes promoteurs.

L'objectif est de faire de l'université une institution diplômante et formatrice de jeunes promoteurs et non plus de demandeurs d'emploi.

La mise en place d'unités au sein des universités, chargées d'initier les étudiants en fin d'études aux techniques de création d'entreprise ainsi que le lancement de clubs d'études de projets ont été également créées au sein des universités qui deviennent ainsi des pépinières d'entreprises pour les jeunes promoteurs de projets notamment innovants.

Des pépinières d'entreprises ont été par ailleurs installées dans ce cadre dans les écoles supérieures d'ingénieurs et dans les instituts supérieurs d'études technologiques.

Des mécanismes d'incitation à l'intention des jeunes diplômés

Des incitations financières ont été créées à l'intention des jeunes diplômés intéressés par la création d'un projet privé. Dans ce cadre, 50 % des crédits accordés par la BTS sont destinés à financer des projets initiés par les diplômés.

En outre, les crédits accordés peuvent atteindre 50 mille dinars notamment en faveur des jeunes diplômés qui investissent dans les secteurs innovants.

Autres mesures incitatives : les jeunes promoteurs sont exonérés des cotisations sociales pendant une année.

A noter que les diplômés d'université bénéficiaires des interventions du Fonds national de l'emploi représentent 25 % du total des bénéficiaires du programme du fonds en 2007 contre seulement 5 % en 2002.

L'agence nationale pour l'emploi et le travail indépendant met à la disposition des jeunes diplômés du supérieur des programmes pilotes pour les encadrer, les initier et les aider à gérer leurs projets.

Il s'agit de programme de formation en groupe qui réunit des représentants des banques et des experts qui orientent les initiateurs des projets. Le bilan de ce programme de formation est très positif, puisque près de la moitié des jeunes qui s'y sont inscrits ont réalisé leurs projets.

L'attachement de l'Etat à adapter les compétences nationales aux besoins du marché du travail à travers la reforme du système de l'université et du système de la formation professionnelle doit toutefois s'accompagner de la dynamisation du rôle du secteur privé et du tissu associatif en matière de médiation et d'appui aux jeunes initiateurs de projets diplômés du supérieur.

La consultation nationale sur l'emploi de 2008, ordonnée par le chef de l'Etat, a été un cadre adéquat pour concevoir de nouvelles approches pratiques destinées à renforcer l'employabilité des jeunes cadres et à absorber le flux des demandeurs d'emploi.

L'objectif étant d'accélérer le rythme de développement, de promouvoir l'investissement et la formation dans les spécialités scientifiques et technologiques afin de garantir la réussite des stratégies adoptées.

Ainsi, toutes les parties concernées sont appelées à conjuguer leurs efforts afin d'assurer le succès de la politique du pays en matière de promotion des ressources humaines plaçant l'emploi dans leur priorité absolue.

Malgré les résultats probants obtenus, davantage d'efforts doivent être déployés en matière d'emploi notamment chez les diplômés du supérieur. Il s'agit en effet, d'un enjeu d'importance et d'un grand défi à relever afin d'exploiter au mieux la qualité des ressources humaines qui reste indispensable pour accélérer le rythme du développement.

T.A.P