En Afrique du Nord, un adolescent sur trois ne va pas à l’école

En Afrique du Nord, un adolescent sur trois ne va pas à l’école

Alors que des millions d'enfants et de jeunes du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord commencent leur nouvelle année scolaire, le Fonds des Nations Unies pour enfance (UNICEF) rappelle que 9,3 millions d'enfants, âgés de 15 à 17 ans, ne sont pas scolarisés.

 « Le coût du conflit est énorme : on estime que 3 millions d'enfants non scolarisés auraient été scolarisés si les conflits en Syrie, en Irak et au Yémen n'avaient pas eu lieu. Au moins 2.160 établissements scolaires ont été attaqués dans la région depuis 2014 », a indiqué vendredi l’UNICEF dans un communiqué, soulignant que plus de la moitié des jeunes non scolarisés âgés de 15 à 17 ans sont des filles.

Une question d’inégalité

Selon l’UNICEF les inégalités en matière d'accès à l'éducation persistent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les enfants les plus pauvres et les plus touchés par les conflits étant constamment laissés pour compte.

« Dans toute la région, les enfants des familles les plus pauvres sont sept fois plus susceptibles de ne pas aller à l'école que les enfants des familles les plus riches, tandis que les enfants des zones rurales sont trois fois plus susceptibles de ne pas aller à l'école que leurs pairs des zones urbaines », déplore l'agence onusienne.

A mesure que les enfants entrent dans l'adolescence, ces derniers sont beaucoup plus susceptibles d'abandonner l'école qu'à un âge plus précoce. « Dans le premier cycle du secondaire, les filles sont deux fois plus susceptibles de ne pas aller à l'école que les garçons » a affirmé l’UNICEF, précisant que beaucoup d'entre elles sont engagées dans le travail des enfants ou sont contraintes de se marier, pour aider leurs familles à joindre les deux bouts.

Une qualité d’éducation inadéquate

Les jeunes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord citent également l'éloignement des écoles et la faible qualité de l'éducation comme les principales raisons de l'abandon scolaire.

Étant donné la piètre qualité de l'éducation et les perspectives d'emploi limitées, les jeunes peuvent ne pas voir l'intérêt d'aller à l'école

Dans l'ensemble, la qualité de l'éducation dans la région reste médiocre. Seulement la moitié de tous les élèves satisfont aux normes internationales les plus basses en matière de compétences fondamentales comme la lecture, les mathématiques et les sciences.

L'écart entre les compétences acquises par les diplômés et celles requises par le marché du travail aggrave le chômage des jeunes dans la région, qui est la plus élevée du monde.

Les programmes d'études désuets, les approches centrées sur l'enseignant et l'accent mis sur l'apprentissage par cœur et la mémorisation ne donnent pas aux élèves les compétences essentielles pour l'apprentissage continu, l'employabilité, la responsabilisation personnelle et la citoyenneté active.

Investir mieux et davantage

« Non seulement les mauvais résultats scolaires des enfants et des adolescents de la région compromettent leur avenir, mais ils constituent également une utilisation inefficace des fonds publics et des ressources éducatives », a déclaré Geert Cappelaere, Directeur régional de l'UNICEF pour le Moyen Orient et l'Afrique du Nord.

Selon lui, les dépenses actuelles consacrées à l'éducation sont bien en deçà du niveau de référence convenu au niveau international et ne visent pas suffisamment à assurer un accès équitable à tous les enfants ou à améliorer la qualité de l'éducation.

« Tout enfant a droit à une éducation de qualité », souligne l’UNICEF, rappelant que cette année le monde célèbre le 30e anniversaire de la Convention relative aux droits de l'enfant.

Avec la rentrée scolaire, l'UNICEF rappelle aux gouvernements, aux donateurs, au personnel éducatif et aux parents l'obligation qui leur incombe de réaliser ce droit fondamental.  Le Fonds onusien les a notamment appelé à :

- Accroître les investissements dans l'éducation : les gouvernements devraient allouer 15 à 20 % de leurs dépenses publiques totales à l'éducation, conformément aux normes internationales ;

- Veiller à ce que les écoles soient inclusives : les enfants ne devraient pas être privés d'accès, en particulier les plus vulnérables et les plus défavorisés, notamment les enfants des familles les plus pauvres, des zones rurales, les filles, les réfugiés ou les enfants handicapés ;

- Offrir des possibilités d'apprentissage au-delà de l'école : reconnaître les besoins et les exigences spécifiques des apprenants, en particulier des enfants d'âge scolaire secondaire ; 

- tirer parti des possibilités d'apprentissage des nouvelles technologies ; et offrir aux jeunes des possibilités d'apprentissage pratique par le mentorat, les stages, l'apprentissage et la formation en cours d'emploi ;

- Veiller à ce que l'apprentissage en dehors de la salle de classe soit reconnu, permettre les transitions vers l'éducation formelle, comme les programmes d'apprentissage accéléré, et offrir des possibilités d'obtenir un certificat d'études pour accéder à un emploi intéressant ;

- Centrer l'enseignement et l'apprentissage sur l'acquisition des compétences de base et des compétences nécessaires dans la vie courante pour la poursuite de l'apprentissage, l'employabilité, l'autonomisation personnelle et la citoyenneté active ;

- Offrir des espaces d'apprentissage accueillants, ludiques, sains et exempts de violence, où les enfants sentent que leur créativité, leur curiosité et leur soif d'apprendre sont valorisées et stimulées.

 

Votre commentaire