En son 64ème anniversaire que reste-t-il de la République : L’indignité nationale ?!

En son 64ème anniversaire que reste-t-il de la République : L’indignité nationale ?!

 

Il y a soixante-quatre ans, jour pour jour, au terme d’une journée historique, l’Assemblée nationale constituante abolissait le 25 juillet 1957 la monarchie et proclamait la République. Après l’indépendance nationale acquise un an plus tôt c’est le peuple qui recouvrait sa souveraineté pleine et entière puisqu’il devenait le dépositaire des affaires du pays à travers ses représentants dûment élus à leurs charges. Un immense espoir montait du pays profond qui n’a pas été déçu grâce à une direction nationale avisée qui avait une vision et un projet pour le pays et pour la nation tunisienne.

Force est de constater soixante-quatre ans après que le pays manque de ces deux éléments moteurs qui bâtissent l’avenir et diffusent de l’espoir : une vision et un projet. La Tunisie de 2021 est tel un bateau ivre qui tangue et qui prend de l’eau de toute part.

Point de timonier pour le guider et l’amener à bon port. Les commandants sont si nombreux à se disputer le gouvernait que le pays va finir par sombrer si on n’y prend garde. Et si on ne prend pas conscience que la récréation doit prendre fin.

D’ailleurs cette direction chaotique sans vision et sans projet tombait au pire moment de l’histoire du pays. La crise sanitaire de la pandémie du coronavirus, à laquelle aucun pays n’a échappé a donné lieu en Tunisie, du fait de l’incurie d’une direction chaotique qui n’a pas su prendre les bonnes décisions au bon moment, à une véritable hécatombe avec des dizaines de milliers de morts et des centaines de milliers de personnes contaminées.

Les dirigeants actuels auront sur la conscience pour longtemps ce qui peut être considéré sans exagération comme un véritable génocide, puisque des familles entières ont été décimées dans le silence et la consternation.

Alors qu’il y a une dizaine d’années, un nouvel espoir est né suite à une révolution que l’on croyait pouvoir donner un sang nouveau à une République en perte de valeurs, il est légitime de se poser la question : Que reste-t-il de la République si ce n’est le nom et quelques artifices ?

Certes les institutions sont là et personne ne peut nier leur existence mais à l’évidence, elles marchent à vide. Le président de la République, symbole de l’unité nationale et qui veille au respect de la Constitution n’a de cesse d’écorcher cette unité mû qu’il est par un complotisme primaire morbide voyant le mal partout et ne cessant de bloquer tout et n’importe quoi y compris la loi suprême qu’il s’est, pourtant, engagé par serment à respecter.

Le gouvernement dirigé par un homme qui n’a pas de légitimité électorale, ce qui est un comble dans un régime parlementaire, est réduit à sa plus simple expression avec une dizaine de postes dirigés par des intérimaires, du fait d’un véto présidentiel qui ne veut pas donner son nom puisqu’il est inconstitutionnel.

Quant à l’Assemblée des représentants du peuple, point focal de la démocratie, il vaut mieux ne pas en parler car elle est devenue plus un ring où tous les coups sont permis ou tout au plus un lieu d’interminables palabres.

Venons-en maintenant aux valeurs cardinales de la République et que résume fort bien la devise stipulée par l’article quatre de la Constitution.

En premier lieu, la liberté. En fait de liberté, c’est le règne de l’anarchie et du chaos. Il suffit de regarder autour de soi. Rares sont ceux qui respectent le code de la route en conduisant leurs véhicules. Enfreindre la loi partout et à tout moment est devenu un sport national, tant et si bien que celui qui ne le fait pas est pointé du doigt. D’ailleurs on est un des rares pays au monde où on parle ouvertement d’activer une loi alors que la loi est faite pour être appliquée.

Ensuite il y a la justice. Avec les deux têtes de la justice mises en cause à savoir le premier président de la Cour de Cassation et le procureur général de la République (notamment auprès des Pôles Financier et Anti-terroriste) peut-on parler légitimement d’une justice indépendante ? Même si nous disposons des artifices d’une justice, on ne peut que craindre qu’elle ne soit aux ordres et qu’elle ne soit à plusieurs vitesses, laxiste avec les puissants et rigoureuse avec les faibles.

Quant à l’ordre on en est bien loin. C’est le désordre qui est la règle avec ses adjuvants le chaos et l’anarchie. Le Tunisien est devenu rétif à toute discipline sans parler de l’autodiscipline devenue inexistante. Il est insubordonné, désobéissant, pour tout dire indisciplinable. C’est la réalité et ce n’est pas une vue de l’esprit.

La dernière valeur ajoutée après le 14 janvier 2011 et qui n’a été inscrite dans les armoiries de la République est la dignité. Mais comme on est loin de pouvoir la rendre effective. Pour un pays qui reçoit l’aumône pour contrer une grave crise sanitaire avec son lot quotidien de morts et d’infectés, la dignité a été rangée au placard.

Le président de la République a beau dire que les pays frères et amis ont accouru au secours de la Tunisie sans qu’on ne leur ait rien demandé, cela est la preuve, s’il en était besoin qu’en matière de dignité on est loin du compte.

Si un sursaut national n’est pas entrepris et le plus tôt serait le mieux, la Tunisie que nous avons aimée et chérie, va nous filer entre les doigts. Et cette génération de dirigeants aura sur la conscience le crime d’indignité nationale.

RBR

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