En Tunisie, le "Harlem Shake" n'amuse pas les islamistes, selon TF1...

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Des heurts ont opposé des élèves tunisiens et des salafistes à Sidi Bouzid et Tunis, empêchant des mises en scène du buzz planétaire", sujet de querelle en Tunisie entre islamistes et jeunes laïcs.

Quand la musique est un prétexte aux agressions... Des heurts ont opposé des élèves tunisiens et des salafistes à Sidi Bouzid (centre) et Tunis, empêchant des mises en scène du buzz planétaire "Harlem Shake", sujet de querelle en Tunisie entre islamistes et jeunes laïcs, a appris jeudi l'AFP auprès de témoins.

A Sidi Bouzid, berceau de la révolution de 2011, des élèves du lycée de Regueb ont voulu filmer mercredi leur version de cette danse dans l'établissement scolaire. Ayant essuyé un refus du proviseur, ils s'y sont attelés dans la rue, ont expliqué l'enseignant Mohamed Kadri et le surveillant Mounir Jebli, témoins des faits.

Un groupe d'une vingtaine de militants salafistes sont alors intervenus, brutalisant les lycées en leur criant que le Harlem Shake "est une danse occidentale de mécréants", ont-ils expliqué.  Ce même groupe est revenu jeudi et ont de nouveau brutalisés des lycéens qui étaient encore réfugiés dans leur lycée jeudi vers 16h.

A l'université de la Manouba (banlieue de Tunis) où depuis plus d'un an des incidents entre étudiants laïcs et salafistes ont lieu régulièrement, des heurts ont opposé jeudi après-midi un groupe de jeunes voulant filmer le "Harlem Shake" et des militants islamistes, selon le gardien de la faculté des arts et des lettres interrogé par l'AFP. La police est intervenue et a séparé les deux groupes. En fin d'après-midi le calme y était revenu. Des heurts similaires avaient déjà eu lieu mercredi dans une faculté de la cité El Khadra de Tunis, bastion de la mouvance salafiste.

"Non conforme à l'islam"

La chanson électro-dance Harlem Shake a déclenché un phénomène viral sur Internet, dont se sont emparés plusieurs dizaines de milliers d'internautes sur Youtube. Sur les vidéos de 30 secondes, on peut voir plusieurs personnes déguisées à outrance ou dénudées danser de façon frénétique.   De nombreuses pages pro-islamistes sur les réseaux sociaux dénoncent le "Harlem Shake", le jugeant indécent et "non conforme à l'islam". Une multitude d'établissements éducatifs tunisiens ont réalisé de telles vidéos ces derniers jours au nom de la liberté d'expression après que le ministre de l'Education, Abdellatif Abid a ordonné une enquête le week-end dernier dans un lycée en raison d'une de ces mises en scène.

En réaction, le site de son ministère a été piraté et un appel a été lancé sur les réseaux sociaux pour la tenue d'un "Harlem Shake" géant vendredi devant le ministère de l'Education. Contactés par l'AFP, les organisateurs ont indiqué maintenir l'évènement "malgré les risques". Dans un communiqué, ils ont expliqué vouloir exprimer leur solidarité envers les lycéens visés par l'enquête du ministère. "A travers cet évènement, nous ne souhaitons offenser ou provoquer personne", écrivent-ils, "nous voulons juste défendre notre droit au rêve, à la création, à l'expression et à la joie. Notre démarche est pacifiste et souriante. Nous militons pour bien vivre ensemble, dans le respect de la liberté subjective de chacun".

En Egypte, Mickey et les Frères musulmans

Quelque 70 Egyptiens se sont aussi rassemblés jeudi devant le quartier général des Frères musulmans, dont est issu le président Mohamed Morsi, au Caire, pour une interprétation du buzz planétaire "Harlem Shake". "A Bas le guide", ont scandé les danseurs en référence au guide suprême des Frères musulmans, cheikh Mohamed Badie. "Le message est clair. Nous sommes opposés à la politique des frères musulmans, car c'est leur guide qui dicte au gouvernement sa politique et non pas la présidence", a déclaré à l'AFP Farid Sayyed, organisateur de la danse, assurant que la révolution allait continuer dans le pays.

Plusieurs véhicules de la police anti-émeute et des pompiers étaient stationnés derrière le QG des frères musulmans, que les manifestants ont tenté d'incendier en décembre lors des protestations contre le président Morsi. Mais la manifestation du jeudi s'est déroulée dans le calme. Certains danseurs étaient arrivés déguisées en frères musulmans, d'autres en Mickey Mouse.

La police égyptienne a annoncé la semaine dernière avoir arrêté quatre étudiants qui s'étaient filmés dansant en sous-vêtement, en public. Une vidéo mise en ligne sur YouTube montre des Egyptiens danser le "Harlem Shake" devant les pyramides de Guizeh.

(TF1)