Energie Tunisie: Tout sur les projets de la STEG

La Tunisie a décidé d'accroitre, de manière significative, sa production d'électricité et conforter sa capacité

à couvrir une consommation énergétique qui ira crescendo avec l'accélération du rythme de développement du pays et son ouverture sur l'investissement étranger.

Disposant, actuellement, de 25 centrales électriques d'une capacité de production de 3300 mégawatts (MW), elle a lancé la construction de trois nouvelles centrales.

Le défi est de taille, lorsqu'on sait que la demande nationale va évoluer de 5,4 % par an à l'horizon 2011 et même bondir à 7,7 % (XIIème plan) avec l'entrée en activité des mégaprojets à l'instar de "la porte de la méditerranée" (Sama Dubai) ou encore de "Tunis Sports City" (Abou Khatir).

La première centrale électrique, devant entrer en service à Fériana (gouvernorat de Kasserine) en juin 2009, aura une capacité de 126 Mégawatts (MW).

La deuxième, d'une même capacité, sera réalisée à Thyna (gouvernorat de Sfax) et sera fin prête en avril 2010. Les deux centrales, qui mobiliseront un investissement global de 250 millions de dinars (MD), seront construites par General Electric (USA).

La banque islamique de développement (BID) contribuera au financement de ces deux centrales électriques à hauteur de 215 millions de dinars. Un accord de financement a été signé à cette fin, vendredi à Gammarth, entre la Tunisie et la BID.

L'été 2011, un projet "grandiose", selon M.Othman Ben Arfa, PDG de la STEG, sera opérationnel, il s'agit d'une centrale d'une capacité de 400 MW pour un investissement de l'ordre de 730 MD, fonctionnant avec une technologie de pointe (cycle combiné). C'est une extension du site de Ghannouch (région de Gabès), devant être réalisé par le groupe industriel français Alstom.

Il permettrait des économies considérables en combustibles d'environ 63 KTEP/an -kilotonnes équivalent pétrole (25 millions de dinars).

A partir de 2010, la Tunisie aura besoin de produire en moyenne 400MW par an, par le biais de nouveaux moyens de production.

La STEG a lancé des appels d'offres pour la mise en service d'une centrale électrique à cycle combiné (400MW) à Sousse d'ici 2013 et d'une autre à Bizerte, d'ici, 2014. A ces centrales s'ajoute celle El Haouaria, qui mobilisera un investissement d'environ 3 à 4 milliards de dinars.

Il s'agit de réaliser une interconnexion sous-marine entre le Cap-Bon et la Sicile, d'une puissance de 1000 MW et de construire une centrale électrique d'une capacité de 1200 MW dont 400 MW destinés au marché intérieur tunisien et 800 MW à l'exportation vers l'Italie. Cette centrale devrait entrer en activité à partir de 2014.

Il s'agit d'investissements très lourds, a relevé le PDG de la STEG dans un entretien accordé à l'Agence TAP, précisant que, l'investissement annuel de la STEG sera de l'ordre de 600 millions de dinars par an jusqu'à 2011, dernière année du XIème plan (2007-2011) et s'accroitra à 800 millions de dinars annuellement au cours du XIIème plan (2012-2016).

Pour garantir son avenir énergétique, la Tunisie met le cap sur le nucléaire, avec comme objectif stratégique, la création d'une centrale électronucléaire, d'ici 2020.

En effet, le chef de l'Etat a décidé en novembre 2006 de charger la STEG de l'élaboration des études relatives au développement de la production d'électricité au moyen de l'énergie nucléaire.

Ce projet sera réalisée en trois étapes, à savoir une étude de faisabilité devant s'achever en 2011, laquelle sera suivie du lancement de l'appel d'offres et ensuite interviendra en troisième lieu la mise en service de la centrale.

Nous n'avons pas démarré de zéro, affirme le PDG de la STEG, une cellule de veille sur le dossier du nucléaire a été créée depuis déjà trente ans au sein de la société. Actuellement, un groupe de travail se penche sur ce dossier avec l'assistance de l'agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Le développement de l'énergie nucléaire en Tunisie, nécessite la formation des ressources humaines dans cette spécialité de pointe, C'est ainsi qu'une dizaine d'ingénieurs ont été envoyés en formation au commissariat français de l'énergie nucléaire.

De même, à l'image de l'électrification rurale qui a permis à la Tunisie de développer en parallèle des industries de fabrication de composants, la promotion du nucléaire nécessitera, de lancer une production nationale en la matière.

Une enquête auprès des industriels tunisiens sera lancée, prochainement par la STEG, à cette fin. En matière de coopération internationale, les principaux acteurs du nucléaire ont manifesté leur disposition à apporter leur soutien au programme tunisien de production de l'électronucléaire, a affirmé M.Ben Arfa.

Dans un contexte de flambée des prix des hydrocarbures et d'épuisement des ressources, le combustible représente 60% du coût du kilowattheure pour l'énergie conventionnelle alors qu'il est seulement de 12 % pour le nucléaire.

Les simulations de la STEG ont montré qu'en tant que moyen de substitution à la production thermique, l'électronucléaire permettrait de faire annuellement l'économie d'environ 1400 KTEP d'hydrocarbures.

Actuellement, la principale source d'énergie primaire utilisée pour la production de l'électricité en Tunisie (85%), est le gaz naturel suivi du fuel lourd.

'ici 2020, le niveau de consommation atteindrait environ 22 milliards de KWH (kilowattheures) et nécessitera pratiquement le doublement de la puissance installée d'aujourd'hui.

En matière d'énergies alternatives, la Tunisie qui ambitionne de produire 80 MW à partir des énergies renouvelables à partir de 2012, dispose de trois centrales hydrauliques produisant 64 MW et entend doubler la capacité de la centrale éolienne d'El Haouaria de 20 MW à 55MW.

Un marché a été signé entre la STEG et une entreprise espagnole (2éme pays producteur mondial d'éolien) pour la réalisation d'une centrale éolienne à Bizerte début 2010 (120 MW).

L'objectif pour l'avenir est d'atteindre une production totale de 200 MW et porter, ainsi, la part de l'éolien à 4 % de la production globale de l'électricité.

En fait, le potentiel éolien en Tunisie est de 1000 MW.

Toutefois, il s'agit d'une énergie aléatoire, dont le développement devra s'harmoniser, selon le PDG de la STEG, avec l'accroissement du potentiel du réseau électrique et ne pas dépasser, pour cette raison, une production de 200 MW.

En ce qui concerne l'énergie solaire, la Tunisie se propose de construire une petite centrale solaire d'ici la fin du 11éme plan, dont le site se situera probablement dans le sud.

Néanmoins, le développement de cette énergie reste tributaire de son coût qui est cinq fois plus élevé que l'énergie conventionnelle.

La STEG préfère attendre et adopter une veille technologique surtout que le coût d'investissement dans le solaire va rejoindre dans quelques années, selon les chercheurs, celui de l'énergie conventionnelle, en raison du développement spectaculaire de la recherche dans ce domaine.

En initiant des projets de production électrique d'envergure, la Tunisie entend, diversifier ses sources d'énergie, accroître ses performances et se doter de moyens à la mesure de son ambition.
 

T.A.P