Enquête-le Monde : « A Zurich, le coffre-fort de la nomenklatura arabe »

Enquête-le Monde : « A Zurich, le coffre-fort de la nomenklatura arabe »

Le journal le Monde a publié, dans son édition du mercredi 23 Février 2022, une enquête « fondée sur la fuite d’informations issues de plus de 18 000 comptes bancaires de Crédit Suisse. Ces données ont été partagées par le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung avec quarante­ sept médias, dont Le Monde et le consortium d’investigation Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) ».

L’enquête qui s’étale sur trois pages épingle plusieurs hauts responsables arabes actuels et anciens, « qu’il s’agisse d’hommes d’Etat, de responsables de services de sécurité ou d’entrepreneurs : des personnalités parfois citées dans des enquêtes pour corruption ou impliquées dans des violations des droits de l’homme », ainsi que « beaucoup d’autres membres de la nomenklatura politico­financière arabe » qui ont su profiter de ce qui est appelé « Printemps arabe » pour détourner une manne d’argent et la placer dans des comptes ouverts au « Crédit Suisse ».

Cette banque « a abrité des fonds issus du système de prédation qui fut l’un des facteurs déclenchants de la vague de révoltes de l’année 2011 ». Elle « a hébergé pendant des décennies l’argent du crime et de la corruption, au mépris des règles de vigilance, selon notre enquête. On y croise des dizaines de dictateurs et d’hommes politiques, de grosses fortunes à l’origine douteuse, des individus frappés par des sanctions internationales, voire des réseaux criminels ou mafieux ».

Le secret bancaire suisse, explique le Monde « qui a fait du pays un havre financier, a facilité cette concentration de fonds issus de la criminalité financière et entravé les enquêtes judiciaires. Avec l’article 47 de la loi bancaire sont aussi menacés de poursuites et de graves sanctions les lanceurs d’alerte et les journalistes qui mettent au jour ces scandales d’évasion fiscale et de blanchiment ».

« Alors que les révolutions arabes ont échoué ou dégénéré en guerre civile, empêchant toute réforme des relations incestueuses entre la politique et les affaires dans cette région, le montant de l’argent sale qui a pu être récupéré est dérisoire. Sur les 48 milliards de dollars volés par le régime Moubarak, selon l’ONG anticorruption Transparency International, moins de 1 milliard avait été gelé en 2011. Des ratios similaires ont été observés en Tunisie, au Yémen et en Libye ».

Plusieurs personnalités sont citées dans cette enquête, des égyptiens, algériens, libyens, jordaniens, syriens, yéménites…Mis aucun tunisien n’a figuré dans l’enquête du Monde.

Toutefois, le journaliste d’investigation, Walid Mejri, a annoncé, lundi, qu’il « va publier dans les deux semaines qui viennent, un documentaire qui va révéler l’implication de plusieurs hommes politiques tunisiens, ainsi que des groupements financiers et des acteurs, dans des réseaux de blanchiment d’argent et de transfert illégal de fonds vers la Suisse ».

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