Et maintenant que faire pour libérer Nabil Karoui?

Et maintenant que faire pour libérer Nabil Karoui?

Les résultats préliminaires du premier tour de l’élection présidentielle sont tombés comme un véritable coup de tonnerre qui balaye la classe politique tunisienne au pouvoir depuis  janvier 2011. Les deux candidats qui se revendiquent de l’antisystème passent au second tour, alors que ceux du système sont relégués derrière. Et si Kais Saied arrivé en tête, ce qui est une surprise en soi, pourra mener sa campagne en toute quiétude, Nabil Karoui, quant à lui, se trouve derrière les barreaux depuis la 23 août dernier en vertu d’un mandat de dépôt émis à son encontre. Il n’a pas été  autorisé à mener sa campagne électorale, ni à participer au débat oral. Il a même été empêché d’accomplir son droit de vote.

Il y a une sorte d’unanimité aussi bien en Tunisie qu’à l’étranger que l’incarcération de Nabil Karoui revêt un caractère politique. L’affaire dont il est accusé pour blanchiment d’argent et évasion fiscale est encore traité par le juge d’instruction qui l’a auditionné pendant plusieurs heures et a décidé de le laisser en liberté, prenant toutefois deux mesures conservatoires : le gel de ses biens et l’interdiction de voyager. Mais c’est la chambre d’accusation près de la Cour d’appel de Tunis qui a émis le mandat de dépôt. Son arrestation rocambolesque quelques heures après, dans une station de péage à Medjez El Bab, comme un vulgaire bandit, a été fortement critiquée. D’aucuns accusent le chef du gouvernement Youssef Chahed et le mouvement Ennahdha d’avoir instrumentalisé la justice pour se débarrasser d’un candidat sérieux, donné favori dans les sondages. Après avoir échoué à faire passer le projet de loi « d’exclusion », ils ont, selon le parti de Karoui, « Au Cœur de la Tunisie », orchestré cette opération pour l’empêcher de mener sa campagne, croyant par là réduire ses chances. Ce faisant, ils se sont discrédités auprès de l’opinion publique nationale et internationale. Le candidat prisonnier a résisté et se trouve aujourd’hui au second tour.

Commet faire alors pour le sortir de prison ? C’est la grande question. Soumis à une forte pression de la part des parties tunisiennes et étrangères, les autorités  se trouvent dans de très mauvais draps. Il n’est plus question de laisser Nabil Karoui en prison. Il faut trouver une solution à cette affaire qui a plombé le climat général dans le pays. Cette solution, à défaut d’être judiciaire, ne pourrait qu’être politique.

Nous sommes devant une situation sans précédent dans le monde. Et si Karoui n’est  pas libéré, tout le processus sera faussé.

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