Et si les municipales étaient de nouveau reportées !

Et si les municipales étaient de nouveau reportées !

Et si les municipales étaient de nouveau reportées !

A partir de jeudi 15 février, les instances régionales des élections vont commencer de revoir les listes électorales pour les municipales prévues pour le 6 mai prochain. Au total 350 municipalités dont 77 nouvellement créées doivent être pourvues de nouveaux conseils élus qui remplaceront les délégations spéciales adoptées depuis 2011. Le nombre de conseillers municipaux s’élève à 7280. Le nombre des conseillers municipaux est déterminé en fonction du chiffre de la population dans les communes.

Ces élections, qui sont censées ancrer le processus démocratique à l'échelle locale, ne mobilisent pas, outre mesure, les citoyens qui semblent de plus en plus indifférents à cette échéance, pourtant très importante, parce qu’elle pourrait permettre d'améliorer leur quotidien dont la dégradation les irrite et les révolte. Dissoutes après le 14 janvier 2011 et remplacées par des délégations spéciales, les municipalités sont devenues ingérables. Chaque gouvernement qui s’installe dissout et remplace les délégations à sa guise et au bon vouloir des partis qui le composent. Leur remplacement par de nouvelles équipes dirigées par les délégués est contesté par l’opposition qui voit dans cette formule une manœuvre des partis du gouvernement pour agir sur les résultats du scrutin. La gestion des villes est devenue défaillante, le ramassage des ordures aléatoire.

Le dernier sondage rendu public mardi 13 février, soit deux jours avant l’interdiction de ce genre d’enquête est sans appel. Mois de 20%(19.2%) seulement sont décidés à aller voter le 6 mai prochain.  Le taux le plus faible jamais enregistrés jusque-là. Par contre 33.2% n’iraient pas voter contre 37.5% d’indécis et 10.0% qui refusent carrément ce scrutin. Ce qui serait catastrophique pour la jeune démocratie qui tente de se frayer son chemin au milieu des marécages. D’ailleurs, un signe qui ne trompe pas. Le nombre total des Tunisiens en âge de voter s’élève à plus de huit millions 500 mille alors que le nombre d’inscrits est de l’ordre cinq millions 670 mille dont 47.64% sont des femmes et 52.36% sont des hommes. Pis, le pourcentage de jeunes, entre 18 et 23 ans, inscrits est désappointant, 3.27%.

Il est évident que les conditions draconiennes énoncées dans le code électoral n’encouragent pas les partis ou encore les indépendants à concourir dans toutes les municipalités. Même les deux premiers partis, Nidaa Tounes et Ennahdha ont toutes les difficultés du monde pour former leurs listes.

L’Isie en est consciente et son président Mohamed Tlili Mansri prévoit le possible recours à des municipales partielles au cas où le 22 février date de clôture du dépôt des candidatures il s’avérerait que dans certaines circonscriptions, il n’y aurait pas de listes répondant aux critères requis ».  D’ailleurs plusieurs partis politiques reconnaissent les difficultés de réunir les documents nécessaires aux candidatures. Le Code des collectivités locales qui compte plus de 360 articles n’est pas encore adopté. Et même si certains penchent vers l’application de l’ancienne loi de 1975, ce serait vraiment anachronique car cette loi fait des municipalités de simples structures sans aucune indépendance placées sous l’autorité de délégués et des gouverneurs. Elles seront, selon certains partis, sans intérêts si elles sont tenues dans les conditions actuelles et notamment en l’absence du code des collectivités locales. En plus de cela, les nouvelles communes créées par le gouvernement ne sont pas encore prêtes. Certaines d’entre elles n’ont pas de locaux, ni personnel, ni budget. Tout comme les antennes régionales du Tribunal administratif qui, à leur tour, ne sont pas encore installées et le recrutement annoncé des juges n’est pas encore fait.

L’évocation d’un nouveau report du scrutin municipal est maintenant sur plusieurs lèvres. La plupart des partis politiques ne se disent pas prêts pour cette échéance et craignent le fiasco, en cas d’abstentions élevées. 

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