Et voilà que l’on parle d’un remaniement ministériel !

Et voilà que l’on parle d’un remaniement ministériel !

A peine la loi des finances 2018 adoptée par l’Assemblée des représentants du peuple que l’on reparle d’un remaniement ministériel imminent.  Un remaniement qui pourrait intervenir au plus tard début janvier prochain et qui serait dicté par la conjoncture nationale et internationale. Sur le plan national, les désaccords se font jour au sein de la coalition gouvernementale issue du « Document de Carthage », au point que l’on est arrivé à une sorte de dialogue de sourds entre ses composantes essentielles, avec d’un côté les deux mouvements Ennahdha et Nidaa Tounes auxquels s’est joint l’UPL de Slim Riahi, d’une part et Afek, Al Massar et Al Joumhouri soutenu par Mashrou3 Tounes de l’autre. L’examen puis le vote de la loi des finances a démontré que, contrairement à ce qui se dit, le consensus tant vanté n’a pas fonctionné et des membres d’un même groupe ont voté différemment. C’est le cas d’Afek Tounes, le plus virulent à l’égard de ses deux alliés Nidaa et Ennahdha, les rendant responsables de la dégradation de la situation. Yassine Brahim a critiqué la politique socio-économique adoptée par le gouvernement qui, a-t-il dit, « n’est pas claire », déplorant les mesures décidées, dans le cadre de la loi de Finances, et qui vont à l’encontre des appels lancés pour la libéralisation du secteur économique et pour l’intégration du secteur informel dans le système légal. « S'opposant à certains ministres, le Chef du gouvernement, Youssef Chahed a une équipe qui n’est pas la sienne », a-t-i dit.

L’examen de la loi des finances a coïncidé avec l’annonce par l’Union européenne d’une liste noire des pays considérés comme des paradis fiscaux dans laquelle figure la Tunisie. Une annonce qui a mis en ébullition la classe politique et économique tunisienne et malgré les explications fournies par le gouvernement, il n’a pas été exempté de critiques et certains l’ont, même rendu responsable de cette « faute ». Fadhel Ben Omrane le député de Nidaa Tounes qui s’est distingué par ses interventions au cours de l’examen de la loi des finances a pointé du doigt un conseiller du chef du gouvernement lui faisant porter la responsabilité de l’inclusion de la Tunisie sur la liste noire des paradis fiscaux publiée et a appelé à son limogeage.

Des ministres inutiles

Sur un autre plan, les débats budgétaires qui ont été une sorte de test pour les ministres ont mis à nue les limites et l'incapacité de certains d'entre eux à défendre leur projet et à convaincre les députés et l’opinion publique. Au point de parler de « ministres inutiles » qui semblent comme « perdus dans des trous noirs », à tel point, même, que l’on vient à se demander « s’ils servent vraiment à quelque chose ». Car, à voir de près la constitution du gouvernement d’union nationale, l’on sort avec un constat évident : certains postes ont été créés pour satisfaire les caprices de lobbies politiques influents ou des amis complaisants. Il se trouve que Youssef Chahed a, sous la pression, multiplié « les strapontins et les maroquins », ce qui a rendu souvent illisible l’action gouvernementale. D’où un gouvernement pléthorique composé de 28 ministres et 15 secrétaires d’état. Ces derniers sont souvent réduits à de la figuration, avec ce que cela créerait comme frictions avec leurs patrons surtout quand ils n’appartiennent pas au même mouvement politique.  En période de disette budgétaire, de potion fiscale et de serrage de ceinture, l’équipe Chahed souffre  « d’un embonpoint ». Sans parler de la taille des cabinets et des critères de choix des membres.

La nouvelle donne politique marquée par la formation d’une nouvelle Troïka composée de Nidaa Tounes, Ennahdha et L’Union patriotique libre(UPL), est venue ajouter à la confusion qui règne et annoncer, parfois avec insistance, un remaniement ministériel. L’évaluation de l’action du gouvernement réalisée par Khaled Chawket, membre du bureau politique de Nidaa Tounes et d directeur de son centre d’études, est sans appel. Il a relevé l’absence de signes d’amélioration du rythme de croissance pour la réalisation des objectifs du développement et de l’emploi. Selon lui, le gouvernement d’union nationale a moins réussi la guerre contre le terrorisme que celui de Habib Essid.

D’aucuns affirmeraient que le scénario qui se prépare consisterait en l’éviction des ministres et des secrétaires d’état des partis qui n’ont pas ménagé de leurs critiques Ennahdha et Nidaa Tounes, à savoir Afek Tounes et Al Massar et leur remplacement par des membres de l’UPL ou par  proches de la nouvelle Troïka.  Reste à savoir si le président de la république accepterait de valider ce scénario et si Youssef Chahed se résignerait à leurs pressions. Et si les autres signataires du « Document de Carthage » Carthage et notamment l’UGTT, un soutien solide de Youssef Chahed les laisserait faire.

B.O 

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