Exode des médecins tunisiens: Il faut arrêter... l'hémorragie !

Exode des médecins tunisiens: Il faut arrêter... l'hémorragie !

Par Oumar Diagana
 
On le savait déjà depuis quelque temps. Mais le phénomène ce cesse de prendre des proportions inquiétantes. La fuite des médecins tunisiens vers l'étranger, plus particulièrement en France, commence à donner du tournis aux responsables d'établissements hospitaliers dans nos murs.

Encore une fois, les résultats aux épreuves de vérification des connaissances en France, appelé communément concours d'équivalence, vient de donner leur verdict pour l'année 2019. Sans surprise, et comme à l'accoutumée, ce sont les médecins tunisiens qui raflent la mise. (voir lien)

Faut-il s'en réjouir ou s'en inquiéter? On peut légitimement s'en enorgueillir du fait que les médecins tunisiens bénéficient d'une formation en béton et qu'ils sont très compétitifs à l'étranger, mais d'un autre côté, l'on ne peut qu'en pleurer. La raison est simple: voir ces jeunes médecins prendre leurs cliques et leurs claques pour aller s'établir en France est écoeurant, d'autant plus qu'ils ont fait tout leur cursus en Tunisie, du primaire au doctorat, et sont formés par l'argent du contribuable tunisien.

La migration des médecins tunisiens a toujours suscité des débats contradictoires. Si les uns dénoncent avec vigueur cette fuite des cerveaux, d'autres pointent du doigt le manque d'opportunités de carrière en Tunisie pour ces jeunes médecins qui n'ont d'autre choix que de tenter l'aventure ailleurs quand l'occasion se présente à eux.

Très choyés en Europe, particulièrement en France et en Allemagne, les médecins tunisiens ne cessent malheureusement de faire leurs valises pour aller faire le bonheur des patients de l'autre côté de la Méditerranée. Cet exode massif, aux allures de véritable hémorragie, n'est pas près de s'arrêter. Bien au contraire !

Alors que nos toubibs, confrontés à un ras-le-bol et à un secteur au bord de l'asphyxie (ne parlons même pas des agressions devenues désormais courantes) se saignent aux quatre veines pour pouvoir exercer leur métier dans les règles de l'art, d'autres contrées assouplissent les conditions d'accueil aux hommes en blouse blanche. 

Face à cette fuite des cerveaux, nombre de médecins tunisiens, et autres spécialistes rompus aux arcanes de la chose, ont pourtant tiré la sonnette d'alarme, mais la surdité associée à la cécité des autorités se font encore plus profondes chaque jour que Dieu fait. Et la conséquence est évidente: de plus en plus de jeunes spécialistes préfèrent partir. Un véritable gâchis qui affecte aussi bien le secteur de la santé publique que celui privé.

Le plus inquiétant dans cette fuite de médecins, c'est que la France, confrontée elle-même à une pénurie de compétences médicales, saisit chaque fois l'occasion idoine pour encore "aspirer" davantage nos toubibs. Et de quelle manière !

Peinant pour l'instant à trouver la solution miracle pour retenir ses enfants prodiges, la Tunisie est en train de vivre la pire période de l'exode de ses médecins. Malheureusement, la France n'est pas le seul receptacle de ces toubibs. Beaucoup atterrissent aussi en Allemagne et dans d'autres pays d'Europe ou même d'Amérique où ils bénéficient de bien meilleures conditions de travail.

Reste donc à savoir quand l'Etat tunisien va-t-il réellement réagir, sinon dans les années à venir, la Tunisie, qui se vantait naguère d'avoir un service de santé des plus rigoureux et d'être un modèle pour le tourisme de la santé, risque de connaître une énorme pénurie de blouses blanches. Et comme un malheur ne vient jamais seul. Les infirmiers et autres cadres de santé commentent à suivre le même chemin de l'exode. Autrement dit, la maison "santé" est en train de brûler, et l'Etat regarde ailleurs.

O.D.

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