Expulsion de migrants tunisiens: La Cour européenne épingle Rome

Expulsion de migrants tunisiens: La Cour européenne épingle Rome
 
 
La Cour européenne des droits de l'homme a rendu lundi son verdict dans l'affaire Khlaifia pour "détention irrégulière, dans des conditions dégradantes, de migrants tunisiens sur l'île de Lampedusa en Italie avant une expulsion collective illégale".
 
Cette affaire concerne la retention dans un centre d'accueil de Lampedusa puis sur des navires amarrés dans le port de Palerme, ainsi que le rapatriement en Tunisie, de migrants irréguliers débarqués sur les côtes italiennes en 2011 dans le cadre des événements liés au printemps arabe.
 
L'on se rappelle qu'en janvier-avril 2011, des milliers de jeunes tunisiens avaient pris d'assaut la petite île italienne à travers des embarcations de fortune. En une semaine, l'on aurait même recensé quelque 450 barques tunisiennes. Hélas, tous n'arriveront pas à bon port. Mais ceux parvenus à l'autre côte ont été retenus. La suite, on la connaît: arrestations, détentions dans des conditions malsaines, des toilettes utilisées comme dortoirs, bref des conditions d'accueil très dures.
 
Contrôlés, retenus, deshumanisés au point de vouloir se suicider, sans toilettes, sans eau douce, les migrants grimpaient sur les rochers pour faire leurs besoins.
 
Ainsi donc le gouvernement du Cavaliere a été acculé à signer un accord avec les autorités tunisiennes en vertu duquel 25 mille migrants clandestins tunisiens, qui se trouvaient sur l'île entre le 15 janvier et le 5 avril, ont bénéficié d'un permis de sejour humanitaire temporaire. L'accord qui a été conclu entre le ministre de l'intérieur italien et le chef du gouvernement de l'époque, Béji Caied Essebsi, a foulé aux pieds les principes élémentaires des droits de l'Homme.
 
En effet, il autorisait le gouvernement italien à expulser des migrants qui débarqueraient sur l'île après le 5 avril à minuit. La Cour européenne vient ainsi épingler les autorités italiennes qui, sans l'acord passé avec le gouvernement tunisien en avril 2011, ne pouvait procéder à ces explsions collectives et déshumanisantes qui bafouent toutes les règles humanitaires.