Formation du gouvernement: Pour Fakhfakh le plus dur commence maintenant

Formation du gouvernement: Pour Fakhfakh le plus dur commence maintenant

Aujourd’hui le chef du gouvernement désigné Elyes Fakhfakh va entamer la deuxième phase de son plan pour la formation de son gouvernement. Après avoir annoncé vouloir former une coalition gouvernementale sur la base des résultats du deuxième tour de l’élection présidentielle ainsi que sur les valeurs véhiculées par Kais Saied, il va se pencher sur le programme, il entamera à partir de ce lundi 27 janvier 2020 les concertations sur le programme d’action gouvernemental. La semaine dernière, il avait reçu tour à tour les chefs de partis politiques et les organisations nationales, tout en excluant de ses consultations Qalb Tounes et le Parti destourien libre qui, selon lui « ne correspondent pas, en cette étape, aux attentes des Tunisiens ». Et si La présidente du PDL, Abir Moussi, a estimé qu’on " ne peut pas dire que son parti est exclu des concertations sur la formation du nouveau gouvernement dès lors qu’il a refusé, lui-même, d’y participer ou d’obtenir un ministère", le parti de Nabil Karoui a crié à l’exclusion. Il a estimé que l’entame du processus de formation du gouvernement constitue « une mesure d’exclusion qui n’a rien à voir avec la pratique démocratique, ni avec le système parlementaire hybride, sur lequel le système politique en Tunisie est basé ».

De son côté le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi a déclaré qu’il souhaitait vivement que « Qalb Tounes fasse partie de la prochaine coalition gouvernementale, car la démocratie tunisienne est encore en train d’émerger et a besoin de toutes les forces du peuple pour un projet de réforme ». Le conseil de la Choura du mouvement réuni dimanche 26 janvier a appelé Elyes Fakhfakh, à « élargir les négociations pour englober les différents blocs parlementaires pour garantir au gouvernement un large consensus ». Il se dit même prêt à toutes les éventualités y compris des élections législatives anticipées.

Fakhfakh qui est en quête d’une légitimité que ni lui ni son parti Ettakatol n’ont pu conquéreur par les urnes et d’une couverture politique qui lui fait défaut, n’aura pas la partie facile. Même s’il est arrivé pour le moment à former une ceinture composée de huit partis divisés sur les options, il risque de se heurter aux conditions des uns et des autres. Déjà la Coalition d’Al Karama revendique les mêmes ministères demandés par le Courant démocrate : l’intérieur, la justice et la fonction publique en plus d’autres départements. Le mouvement Achaab qui tient toujours à la prééminence de l’Etat protecteur va se trouver en porte à faux avec les choix économiques et sociaux d’Ennahdha surtout.

Le mouvement de Rached Ghannouchi craint de retrouver esseulé dans cette coalition dont certains membres lui sont hostiles. Il ne voit pas d’un bon œil cette sorte de « soumission » du chef du gouvernement désigné à la présidence de la République et considère cela comme un coup d’état contre la Constitution. Il craint, également, que l’exclusion de Qalb Tounes qui dispose d’un groupe parlementaire ne se cramponne dans l’opposition et former avec le PDL un front solide contre le gouvernement. C’est pourquoi il tient à la participation du parti de Nabil Karoui à la coalition gouvernementale pour isoler le parti d’Abir Moussi.

Pour le chef du gouvernement désigné le plus dur commence à partir de ce lundi. Il sait que son équipe sera tributaire du parlement et non de la présidence de la république. D’ailleurs le chef l’Etat a été clair dans sa lettre de désignation : « il ne s’agit point du gouvernement du président et  qu’il ne serait responsable de rien et que chacun assumera ses responsabilités ».

 

 

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