France- Algérie : Paris impose le visa aux détenteurs algériens de passeports diplomatiques

  France- Algérie : Paris impose le visa aux détenteurs algériens de passeports diplomatiques

 

Les autorités françaises ont décidé d’instaurer l’obligation de visa pour entrer en France aux ressortissants algériens détenteurs de passeports diplomatiques, qui étaient jusque-là dispensés de cette obligation en vertu des accords de 2007 entre l’Algérie et la France.

La décision a été révélée, ce samedi, par France Info qui a consulté un message de l’état-major de la direction générale de la police nationale française (DGPN). ‘’Le ressortissant algérien, titulaire de passeport diplomatique ou de service qui ne détient pas de visa (...) fera l’objet d’une procédure de non-admission / refoulement’’, a ordonné l’état-major de la DGPN, qui demande aux forces de l’ordre de ‘’rendre compte de toute difficulté rencontrée’’.

Cette mesure s’inscrit, selon le média français, dans le cadre de l’application de ‘’la riposte graduée’’ annoncée par le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, avec ‘’la suspension des accords de 2007 pour l’exemption de visa aux détenteurs de passeports diplomatiques’’.

La France a convoqué, mercredi dernier, le chargé d’affaires algérien à Paris pour dénoncer la décision ‘’injustifiée et injustifiable’’ d'Alger d’expulser douze fonctionnaires français d’Algérie et lui indiquer que Paris allait riposter en renvoyant des diplomates algériens, a indiqué mercredi le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot.

La porte-parole du gouvernement français, Sophie Primas, a annoncé, jeudi 15 mai lors d’une conférence de presse, d’autres dispositions « plus importantes » sur une partie de la diaspora algérienne, en réaction à la décision du gouvernement algérien d’expulser une nouvelle vague d’agents français.

Vendredi 9 mai, les autorités algériennes ont refoulé deux agents de la direction de la sécurité intérieure (DGSI) française qui s’étaient présenté à l’aéroport international d’Alger avec des passeports diplomatiques.

Samedi 10 mai, le ministère algérien des Affaires étrangères a convoqué le chargé d’affaires de l’ambassade de France à Alger pour lui demander de « rapatrier immédiatement » 15 agents, dont « l’affectation est irrégulière ». Interrogée sur l’état de la relation bilatérale à la lumière de ces nouveaux développements, la porte-parole du gouvernement français a reconnu que les choses s’aggravent entre les deux pays.

« Ça ne bouge pas et ça empire. Ça bouge en tout cas dans le mauvais sens, puisque nous n’avons pas de nouvelles de Boualem Sansal, puisqu’un certain nombre d’agents français ont été expulsés », a-t-elle répondu. Et d’ajouter : « Les ripostes sont comme d’habitude identiques, c’est-à-dire que, de notre côté, nous avons pris des dispositions pour demander l’expulsion d’un certain nombre de personnes algériennes qui ont un passeport diplomatique, mais qui n’ont pas de visa, qui seront donc expulsées rapidement en Algérie, à qui on a demandé de quitter le territoire français ».

Les relations entre les deux pays se sont dégradées depuis l’été 2024, sur fond de reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.

En réaction, l’Algérie a retiré son ambassadeur à Paris et le président Tebboune a annulé un déplacement en France, prévu initialement en septembre 2024. L’emprisonnement, en novembre 2024, de l’écrivain algéro-français, Boualem Sansal, a compliqué davantage la situation, tout comme le refoulement de migrants en situation irrégulière visés par des obligations de quitter le territoire français, dont l'influenceur algérien Doualemn.

Ces deux affaires ont suscité la colère de plusieurs ministres français, dont Bruno Retailleau (Intérieur) et Jean-Noël Barrot (Affaires étrangères) qui menaçaient de recourir au « rapport de force ». Les autorités françaises ont même décidé de restreindre l’accès au territoire français de certains responsables algériens pour « défendre les intérêts des Français ».

Un début d'apaisement est ensuite intervenu avec l'appel téléphonique Macron-Tebboune, à l'occasion de l'Aïd el-Fitr, fin mars, suivi d'une visite à Alger du ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, le 6 avril dernier, marquant « une nouvelle phase dans une relation d’égal à égal » entre la France et l’Algérie.

Reçu par le chef de l'État algérien, le chef de la diplomatie française a affirmé que les deux pays avaient « décidé de tourner la page ».

Toutefois, l'arrestation d'un cadre consulaire algérien, début avril à Paris, dans le cadre d'une enquête judiciaire sur la présumée tentative d’enlèvement de l’opposant algérien « Amir DZ », a suscité la colère d'Alger qui n'a pas tardé à exprimer sa contestation auprès de l'ambassadeur de France à Alger, considérant que l'arrestation d'un cadre consulaire à Paris est venue « torpiller » les récents progrès diplomatiques entre les deux pays.

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