Ghriba : Le silence inexplicable des hautes autorités de l’Etat

Ghriba : Le silence inexplicable des hautes autorités de l’Etat

Plusieurs heures après l’attentat qui a visé la synagogue de la Ghriba à Djerba et qui a coûté la vie à trois policiers et deux visiteurs sans compter l’auteur de l’attentat, les hautes autorités de l’Etat sont restées silencieuses. Officiellement, on n’a enregistré aucune réaction ni de la part du président de la République, ni de celle de la cheffe du gouvernement, ni du reste de celle du Parlement, et encore moins du président de celui-ci.

Alors que le président français Emmanuel Macron a réagi en parlant d’un acte antisémite, que le département d’Etat américain a rendu hommage à la rapide réactivité des forces de l’ordre tunisiennes, à Tunis on n’a publié qu’un communiqué du ministère de l’Intérieur donnant sa version des faits, repris par le ministère des Affaires étrangères qui a parlé d’une victime de nationalité française alors qu’il s’agit d’un franco-tunisien une erreur qu’il a d’ailleurs corrigé. Dès les premières heures, les Tunisiens s’attendaient à ce que le chef de l’Etat se rende en personne sur les lieux ou qu’il délègue la cheffe du gouvernement. Même le ministre de l’Intérieur n’a pas cru utile de faire le déplacement.

Seul le ministre du Tourisme s’est empressé de se rendre dans l’Ile, mais il ne lui revient pas d’apaiser les inquiétudes à part celles en rapport avec les réservations au sein des unités hôtelières. Mais, il est vraiment prématuré de s’en inquiéter.

Au niveau des médias ; on constate une certaine retenue, les journaux électroniques et les radios ne donnant que des nouvelles recoupées. Mais c’est au niveau des chaines de télévision, que le bât blesse.

La Télévision tunisienne a poursuivi ses émissions ordinaires comme si de rien n’était. Les chaines privées n’ont pas eu la décence d’interrompre leurs programmes de vente des couscoussiers et autres produits sans aucun intérêt.

Evidemment la communication de crise on ne sait pas faire. D’ailleurs les 48 heures après l’événement sont cruciales. On espère que le silence assourdissant sera vite rompu et que les hautes autorités tunisiennes finiront pas réagir et le plus tôt serait le mieux.

En fin de journée on apprit que le Conseil de sécurité nationale s’est réuni sous la présidence du Chef de l’Etat. Dans la foulée on a diffusé une vidéo de l’allocution introductive prononcée au début des travaux où avec un calme olympien Kaïs Saïed a souligné que l’Etat tunisien demeurera debout et que les tentatives de le déstabiliser resteront vaines.

S’il a présenté ses condoléances aux victimes de cet attentat qualifié contre toute évidence d’acte criminel alors qu’il s’agit bel et bien d’attentat terroriste aucun mot de compassion envers nos compatriotes juifs pourtant visés par cet attentat. Cela aurait permis de mettre fin à la qualification d’antisémitisme utilisé d’ailleurs par le président français Emmanuel Macron dans son tweet diffusé plusieurs heures avant la réaction de la plus haute autorité tunisienne.

Ce qu’il faut relever c’est que la réunion du Conseil de sécurité nationale aurait pu attendre car elle aurait dû venir à la fin du processus d’investigation pour donner lieu à des décisions et des mesures effectives. Ce dont on a besoin c’est d’une réaction politique à chaud d’une portée émotionnelle avec un souci d’une prise en charge véritable de toute la détresse des victimes et de la colère légitime de la population.

RBR

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