Grève des postiers : Le corporatisme, ce mal qui nous ronge

 Grève des postiers : Le corporatisme, ce mal qui nous ronge

Après une grève inopinée qui a affecté les citoyens parfois parmi les plus démunis, les agents de la poste observent du lundi au mercredi une grève sur tout le territoire national en signe de protestation contre l’emprisonnement d’un de leurs collègues à Tozeur. On est en plein corporatisme.
Dans cette malheureuse histoire, il y a un enchainement de faits : Un juge met un postier en prison. Que font les postiers ? Dans l’heure qui suit, ils se mettent en grève pour exiger la libération de leur collègue. Sans préavis, une grève est dite sauvage et elle est sanctionnée par la loi. Quelques soient les raisons et les justifications, ce corporatisme parfois aveugle n’est pas acceptable. Il se base sur une solidarité mécanique qui n’a pas de raison d’être dans un Etat de droit. On peut blâmer le juge, d’avoir pris hâtivement la décision d’écrouer un postier qui était dans son bon droit, mais pourquoi recourir à la grève dont les victimes sont de simples citoyens venus parfois de loin pour régler des affaires urgentes : retirer un mandat, payer une facture etc..
Ce n’est pas la première fois que l’esprit corporatiste joue. Lorsqu’un enseignant est agressé, tous ses collègues se mettent en grève. Quand un fonctionnaire dans une administration quelconque est pris à partie injustement, un débrayage est sur le champ décidé. Ce ne sont pas des comportements acceptables dans un Etat de droit. Dans tous ces cas, il faut recourir à la loi, aux règlements et à la justice qui tranchera. Le reste est excessif et tout ce qui est excessif devient, par la force des choses, insignifiant.
Malheureusement dans ces cas la centrale syndicale, l’UGTT au lieu de jouer son rôle de régulateur des conflits sociaux attise la situation et vient au secours de ses affiliés en soutenant leurs actions. La collectivité attend de cette organisation nationale qu’elle défende aussi l’intérêt général qui n’est jamais en conflit avec les intérêts particuliers. Il est de son devoir d’inculquer à ses adhérents l’importance de la notion de l’intérêt général et de les mettre en garde contre les intérêts particuliers toujours étriqués lorsqu’ils se fondent sur le seul corporatisme.
Les citoyens ne comprennent pas et se révoltent même lorsqu’ils sont pris en otage dans ces conflits corporatistes où ils n’on rien à voir. S’ils comprennent des actions sociales, des grèves ou d’autres formes de lutte ouvrière lorsqu’elles sont justifiées, ils sont totalement imperméables aux actions qui sentent le corporatisme parce qu’ils sont le maillon faible qui doit payer les pots cassés.
Les syndicats, dont l’utilité en démocratie n’est pas à démontrer seront bien inspirés d’éviter de recourir à des actions de type corporatiste car c’est le moyen le plus sûr d’être déconsidérés par l’opinion publique. En effet, le corporatisme est le mal qui ronge le syndicalisme véritable comme il ronge la démocratie.
R.B.R.

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