Grèves des finances et des enseignants : Les syndicats prennent les Tunisiens en otage

Grèves des finances et des enseignants : Les syndicats prennent les  Tunisiens en otage

Pendant cinq jours, du lundi au vendredi, les recettes des finances et autres services financiers du pays sont fermés pour cause de grève sauvage car non autorisée par les instances concernées de l’UGTT. Les Tunisiens qui veulent acheter des timbres de différents ordres, ceux qui souhaitent payer les vignettes de leurs nouveaux véhicules et tous les autres qui ont des obligations de toute nature à remplir auprès de ces services publics doivent s’armer de patience et attendre la semaine prochaine. Si tant est, qu’une prolongation n’est pas décidée par des responsables syndicaux hors-la loi.

Le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Tabboubi s’est contenté de dire que la grève n’est pas autorisée car elle n’émane pas des instances concernées de son organisation. Mais en ne prenant aucune sanction même symbolique contre les syndicalistes récalcitrants, et en n’élevant pas la voix comme il se doit contre ces félons, il ne rend pas service à son organisation nationale, ni à la nation.

On n’a pas entendu beaucoup les autres responsables syndicaux, si prompts à aller sur les plateaux radio et télé pour tout et rien, dénoncer les agissements des syndicalistes des finances qui se sont mis en marge de la légalité. Cette grève sauvage, c’est bien le terme approprié, est destinée à mettre la pression sur le gouvernement. En réalité ce sont les Tunisiens qui sont pris en otages.

Demain mardi 6 décembre, les enseignants du secondaire vont faire grève à l’appel de leur fédération et de son secrétaire général Lassaad Yacoubi. A peine l’année scolaire entamée, ce dernier s’est rappelé au bon souvenir des Tunisiens pour revenir à ce qu’il fait le mieux, déclencher des grèves avec l’assentiment de sa centrale syndicale qui ne peut rien lui refuser.

Cette fois-ci il se permet d’inventer un concept nouveau dans la lutte syndicale, celui de grève d’avertissement. C'est-à-dire une grève destinée à prévenir une décision qui n’est pas encore prise ou à anticiper des difficultés qui ne sont pas encore arrivées.

Ainsi ce débrayage prend prétexte de « nouveaux impôts » prévus dans la loi des Finances 2018 qui n’est pas encore votée ainsi que du recul de l’âge de la retraite qui n’a pas été mise en pratique. Il est justifié, selon Yacoubi par les mesures destinées à réformer les caisses sociales et qui sont toutes rejetées par son syndicat. C’est un nouveau syndicalisme qu’il est en train de créer, être contre toute réforme et rejeter toute mesure même celle qui n’est pas encore prise.

Au moment où la Tunisie toute entière célèbre le souvenir du martyr Farhat Hached à l’occasion du 65ème anniversaire de son assassinat pour sa double qualité de dirigeant syndical et de  leader national, ces grèves  sont contre-productives. Elles ne peuvent que ternir l’image de l’UGTT et lui porter du tort. La patience des Tunisiens est mise à rude épreuve. Mais elle n’est pas sans limite.  

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