Habib Essid avait-il tort de démettre certains ministres ?

Habib Essid avait-il tort de démettre certains ministres ?
 
 
En résumant les différents griefs, reproches, commentaires et analyses faits après la proclamation du remaniement ministériel tant attendu, on a tendance à conclure qu’après tout et avec l’aval du président dela Républiqe, Habib Essid n’avait pas tellement tort de démettre certains ministres.
 
Commençons par Ammar Yombai, ancien ministre des Affaires sociales, qui aurait accumulé les imperfections dans le traitement de plusieurs dossiers :
 
-L’opacité dans la gestion des négociations salariales des employés du secteur privé entre l’Ugtt et l’Utica qui ont trainé en longueur et ont été à l’origine de tensions jugées inutiles,
 
-Une certaine nonchalance dans le traitement du dossier des caisses sociales menacées de faillite et surtout de cessation de paiement des pensions, une nonchalance incompréhensible de la part de quelqu’un qui, toute sa vie, a servi dans ce département et connait mieux que quiconque les problèmes des caisses. La sonnette d’alarme a pourtant été tirée depuis 2009 déjà.
 
-L’autre important partenaire social, à savoir l’Utica, ne le portait pas dans le cœur et avait vivement critiqué son maintien au poste après les élections de 2014.
 
-Son refus catégorique du pluralisme syndical et son cantonnement derrière une position balayée par un jugement du tribunal administratif. Ce jugement a non seulement reconnu le droit d’exister aux trois autres organisations syndicales ouvrières, la Cgtt, l’Utt et l’Ott et à une organisation patronale, la Conect, mais aussi par d’autres avantages à savoir entre autres les retenues sur salaires par l’administration publique et de la représentation. Ammar Yombai continuait à défendre la thèse de l’unicité jusqu’à quelques heures seulement avant l’annonce dudit jugement.
 
Venons-en au deuxième qui ne peut être que Taieb Baccouche, un autre proche de l’Ugtt et qui en a été le secrétaire général de 1981 à 1984, bien que la relation entre les deux ait été rompue depuis belle lurette.
 
A celui-ci, on peut reprocher des errements, ou même des hésitations qui lui ont coûté le poste mais aussi et surtout lui ont attiré l’animosité et les foudres de plusieurs factions politiques, son parti, le Nidaa et son président en tête.
 
On se souvient  particulièrement de :
-La bavure par laquelle il s’était plu à « condamner » le rôle de la Turquie dans le recrutement des terroristes en s’appuyant sur le fac-similé d’une demande de visa d’entrée en Turquie publiée par un journal local et dans lequel on a ajouté une case du "djihad" dans la rubrique des raisons d’entrée. Non seulement, Baccouche a été pris au piège d’un article écrit par un journaliste de renom, mais il a été lâché par son département qui ne l’a pas informé que les Turcs ne demandent pas de visa aux Tunisiens.
 
-L’esquive ou la dérobade qu’il s’est assignée à la suite du démenti que lui a infligé le Président Essebsi sur certaines questions et son écartement de certaines missions à l’étranger,
 
-La faillite dans la gestion du dossier des relations avec la Libye
 
-La tergiversation dans le suivi du dossier des journalistes disparus en Libye,
 
-L’échec dans la gestion du dossier de la relation avec la Syrie,
 
-L’anathème qu’il a jeté sur Mohsen Marzouk en insinuant un rôle louche qu’il aurait joué dans l’entrave  de relations ou accords avec certains pays. Si Taieb a certainement oublié que quelles que soient la situation et la teneur de l’accusation,  il en est responsable.
 
Venons en à Najem Gharsalli qui, malgré les succès des opérations de Lokman Abou Sakhr, de Mourad El Gharsalli, d’Akouda- Sousse et bien d’autres, il porte la responsabilité des opérations catastrophiques du Musée du Bardo, de l’Impérial Hôtel de Sousse et surtout celle de la garde présidentielle.
 
-L’ampleur et les dégâts occasionnés par les trois opérations à tous les niveaux sont de nature à démettre tout un gouvernement et non seulement le ministre compétent.
 
-L’affaire de l’Impérial a d’ailleurs connu un revirement de taille puisque le juge d’instruction chargé de l’enquête a décidé un mandat de dépôt contre le chef de la sécurité touristique et 4 ou 5 de ses agents les accusant de manquement au devoir qui leur incombait. N’avons-nous pas été tous éhontés de voir Scotland Yard venir enquêter chez nous et reprocher à notre dispositif sécuritaire beaucoup de nonchalance?
 
-Peu, très peu même a été fait pour résoudre les problèmes des étalages anarchiques. Allez voir du côté de la rue et de la place Aljazira, de la place Bab El Khadhra, de la place Mongi Bali, de l’Avenue de France, de la Rue Belhassen Jrad, de la sortie nord-ouest via Mellassine, la cité Ibn Khaldoun, Hammam-lif, Echaabia et on en passe. Personne n’est contre le gagne pain de centaines de gens, mais, de grâce, qu’on libère les rues et qu’on se suffise aux trottoirs que les piétons ont perdu à jamais.
 
-Idem pour les transporteurs collectifs et clandestins ainsi que les automobilistes et autres chauffards malveillants et indisciplinés.
 
Othman Battikh méritait de partir pour une simple raison: manque d’éloquence et absence manifestement évidente de cette magie du verbe propre aux religieux et aux oulémas.
 
On peut en savoir plus de Habib Essid lui-même devant l’Assemblée, et dans les coulisses des différents départements.
 
M.L.Ben Salah

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