Hamma Hammami : Nous n'avons nullement l'intention de prendre le pouvoir par un coup d'état

Hamma Hammami : Nous n'avons nullement l'intention de prendre le pouvoir par un coup d'état

 

Dans une grande interview publiée dans le journal la Presse de ce mardi 1er novembre, Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire, dont « le nom surgit à chaque nouvelle crise, qu’elle soit politique, économique, sociale, sécuritaire » répond à ces accusations, donne sa propre lecture du paysage politique et fait « le procès » du projet de loi des finances.

« Ces accusations ne l’inquiètent pas outre mesure, il les assume pleinement et s’en réjouit même ». C’est le cas de l’affaire de l’oasis de Jemna dans laquelle il est accusé de « défendre l’illégalité contre le prestige de l’Etat et d’avoir coordonné son action avec Ennahdha ». Chose qu’il réfute en déclarant « qu’on n’a jamais coordonné avec Ennahdha et on ne le fera jamais. Mais, on ne peut pas empêcher les autres d’adopter des positions similaires aux nôtres. D’ailleurs, la présence du parti islamique à Jemna confirme l’échec de la coalition gouvernementale et le développement des rivalités entre ses composantes. En outre, les islamistes ne veulent pas perdre pied dans le sud. Ce qui nous intéresse dans cette affaire, c’est son caractère juste et équitable. Et personne ne peut nous donner de leçon là-dessus, surtout pas ceux qui, au nom de la souveraineté de la loi et de l’Etat, font régner la répression et agissent donc contrairement aux exigences de l’Etat démocratique dont ils se réclament nuit et jour. D’abord, je tiens à souligner que la mesure que vient de prendre le gouvernement à l’encontre de l’association de Jemna, en gelant son compte bancaire, est une escalade et une fuite en avant de sa part ».

Pour Hamma Hammami,  tout rapprochement avec le mouvement Ennahdha est quasiment impossible. « Il existe entre le FP et le parti islamique des dossiers relatifs au terrorisme et aux assassinats politiques de nos deux leaders, Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, dont il assume et la responsabilité politique et la responsabilité morale, en attendant que sa responsabilité pénale soit établie par la justice, bien que nous soyons convaincus de son existence pour certains de ses dirigeants qui étaient de hauts responsables de l’Etat, à l’instar d’Ali Laârayedh ».

Parlant du projet de loi des finances, le porte-parole du FP, énumère plusieurs griefs. « Au vu des choix économiques et sociaux fondamentaux, explique-t-il, cette loi ne répond pas à des besoins populaires, mais reflète des options en faveur d’une minorité et de parties étrangères, notamment les institutions financières internationales dont le FMI. En ce sens que l’Etat tunisien est chargé d’agir à la manière d’un comptable, en se contentant d’appliquer techniquement les dispositions de cette loi qui est loin d’être conçue sur la base de nouveaux choix en vue de résoudre la crise. En plus clair, elle ne rompt pas avec la dépendance aux puissances étrangères, le foyer du libéralisme sauvage, ce qui accentue davantage l’atteinte à la souveraineté nationale et la crise qui en est le corollaire. Tous ces choix dévoilent le caractère idéologique de cette loi : elle préserve et renforce les intérêts d’une classe sociale particulière et néglige, voire empiète sur ceux de la majorité écrasante du peuple tunisien ».

Analysant la situation politique actuelle et l’initiative présidentielle de la création d’un grand parti   autour du chef du gouvernement Youssef Chahed, Hamma n’en démord pas et pense que « la présidence de la République cherche à reconstituer la scène politique nationale par la création d’une nouvelle structure, dans le but de sauver Nida Tounès et de fournir un support politique à Chahed, après avoir limogé Essid. A moyen terme, elle projette de préparer les échéances de 2019 et de résoudre les problèmes du gouvernement au-delà de cette date par le biais de ce projet qu’on peut appeler Nida 2 ». Pour lui, « un parti politique n’est pas une société pour qu’on puisse en créer une autre après avoir fait faillite ». Il espère « que certains tireront la leçon de l’expérience de Nida Tounès, en comprenant que les partis politiques non idéologiques sont un grand leurre et qu’il n’existe pas de vrais partis politiques sans appartenance idéologique, sans idées ». Prétendre le contraire, ajoute-t-il, « c’est favoriser une alliance entre des corrompus qui s’entretuent pour défendre des intérêts antagoniques. Pour s’en persuader, on n’a qu’à se référer à notre histoire politique présente et passée : toutes les expériences non idéologiques ont fini par disparaître, à l’instar du PDP, l’héritier du RSP, du RCD et du CPR ».

L’adepte « inconditionnel du non » pense que ces « non sont intimement liés à l’intérêt suprême du peuple et de la patrie ; ils diffèrent radicalement des leurs. Les nôtres s’opposent à leurs « oui », et nos « oui » se situent aux antipodes de leurs « non». Il affirme que son front n’a « nullement l’intention de gagner ce challenge par un coup d’Etat, mais en faisant en sorte que nous soyons majoritaires et eux minoritaires, car c’est nous qui représentons la majorité et non pas eux, même s’ils font tout pour falsifier cette réalité et nous écarter. C’est la preuve qu’ils sont antidémocrates par essence et par principe ».

Lire l’interview de sa source :

http://www.lapresse.tn/01112016/122209/hamma-hammami-porte-parole-du-fro...

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