Hassine Dimassi: "Le scénario dévastateur de 2012-2013 risque de se répéter"

Hassine Dimassi: "Le scénario dévastateur de 2012-2013 risque de se répéter"

 

L’économiste et ancien ministre des Finances, Hassine Dimassi a affirmé dans une interview accordée à Espacemanager que jusqu’à présent aucun indicateur économique ou financier ne fait signe de reprise. 

« La croissance économique piétine depuis longtemps à un niveau dérisoire de l’ordre de 1%. Cette faiblesse résulte essentiellement d’une conjoncture favorable, et ce que ce soit naturelle (l’agriculture) ou géopolitique (le tourisme). A contrario, la croissance des activités dépendant de l’effort des travailleurs, à savoir l’industrie et le bâtiment, accuse un repli étonnant », a expliqué Dimassi.

Selon ses déclarations, cette tendance s’explique d’abord par la panne observée au niveau des exportations. A prix constants, celles-ci ont connu une croissance négative notoire durant les dernières années, entraînant un déficit désastreux de notre balance commerciale (environ 20 milliards de dinars attendus cette année). Les perspectives économiques de l’Europe Occidentale sont décevantes, ce qui annonce un déficit de notre balance commerciale encore plus prononcé.

L’autre moteur de croissance qui est toujours en panne est celui de l’investissement. Selon l’APII, le total des investissements des industries et services, déclarés durant les 8 premiers mois de l’année en cours, ont connu une régression de l’ordre de 27% par rapport aux 8 premiers mois de 2018. « Dans notre pays », a martelé l’ancien ministre des Finances, « le contexte politique instable, enfanté par les dernières élections législatives, n’incite en aucune manière nos entrepreneurs à réaliser plus d’investissements ». 

Flambée des prix

Il a sous un autre angle indiqué que suite la flambée des prix de la majorité des produits de consommation la demande intérieure s’essouffle, avant d’estimer que durant les mois à venir, les lobbys de spéculation risquent de s’amplifier à cause du laxisme, voire de la complicité des pouvoirs en place. « Les trois principaux moteurs de la croissance sont déjà en panne. Tout semble indiquer qu’ils le seront encore plus les prochaines années », a-t-il encore ajouté.

Évoquant le projet de la Loi de Finances 2020, Dimassi nous a déclaré que tel qu’il est, le projet du budget de 2020 risque d’enfoncer plus encore notre pays dans la boue de l’endettement (13.5 milliards de dinars supplémentaires cette année). « Le drame c’est que cette amplification de la dette publique ne servira pas à plus de dépenses d’équipement mais plutôt au remboursement des dettes antérieures », a-t-il martelé.  Et d’ajouter qu’à ce rythme, notre pays se dirige tout droit à ce cercle vicieux destructeur consistant à emprunter pour rembourser les emprunts antérieurs.

« Dans ce domaine, l’avenir apparaît encore plus morose. Le scénario dévastateur de 2012-2013 risque de se répéter : recruter massivement et de manière anarchique des nouveaux agents pour l’administration et les entreprises publiques. Le prochain gouvernement risque de procéder de nouveau au recrutement en masse des acolytes d’Ennahdha et consorts. Ça serait le véritable coup de grasse donné aux finances publiques qui sont déjà dans le coma », a-t-il précisé.

B.R.
 

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