IPSI : Acteurs clés et enjeux majeurs de l’économie des médias

IPSI : Acteurs clés et enjeux majeurs de l’économie des médias

L’Institut de Presse et des Sciences de l’Information (IPSI) - Université de Manouba, a organisé, aujourd’hui, une Journée d’étude sur l’économie des médias, et ce, en présence de Dr. Sadok Hammami, Directeur de l’IPSI, de Mohamed Gontara, ancien Professeur à l’IPSI, Baccar Gherib, professeur d'économie à la FSEG Tunis, Maher El Kassab. Professeur des sciences économiques, Dr. Souhir Lahiani, Maître-assistante à l’IPSI, ainsi que des chercheurs, des représentants des médias et des étudiants.

Cet événement vise à explorer les dynamiques, les acteurs et les enjeux du secteur des médias en Tunisie qui est en pleine évolution et fait face à des défis structurels, notamment une forte dépendance à la publicité, un manque de données fiables et une fragmentation du marché. Ces défis structurels nécessitent une réinvention des modèles économiques.

Il vise également à poser les bases d’une réflexion approfondie pour soutenir un écosystème médiatique diversifié, résilient et durable.

A l’ouverture de cette Journée, Dr. Sadok Hammami a déclaré que depuis 2011, le secteur des médias fait face à une crise continue. Par conséquent, les Tunisiens souffrent du manque des informations fiables et de qualité, ce qui les a poussés au recours aux réseaux sociaux, constituant un grand danger.

Néanmoins, il a estimé que l’IPSI joue son rôle fondamental au niveau de la formation et la création du savoir, malgré l’impact négatif de la crise de l’économie des médias, dont notamment l’inemployabilité des diplômés tout en créant la « déjournalisation ».

Le fonctionnement des médias affecté par les facteurs économiques

Lors de son intervention intitulée « Analyse économique des médias », Mohamed Gontara a mis l’accent sur les cadres théoriques qui peuvent aider le chercheur à analyser la réalité des médias d'un point de vue économique. « Il y a aujourd'hui une faisabilité à partir de l'analyse économique des médias parce que les facteurs économiques affectent le fonctionnement des médias, en particulier son contenu et sa permanence », a-t-il précisé.

En traitant l'analyse économique des médias, il a cité quatre concepts : l’angle du marché, les activités économiques, le marketing et les angles financiers (Analyse des états financiers et budget).

A cet égard, M. Gontara a indiqué que les médias sont un espace d'échange de biens et de services comme les autres marchés. Ils connaissent les quatre activités rapportées par la littérature économique qui sont la production, la consommation, la distribution et l'échange.

Et d’ajouter que les médias sont aujourd'hui, comme d'autres institutions, basés sur les éléments du marketing et principalement les quatre P : Politique des produits, Politique des prix, Politique de positionnement et Politique de promotion des produits.

Pour sa part, Baccar Gherib a évoqué, dans son allocution intitulée « Modèle économique et Révolution », la relation entre l'essoufflement du modèle de développement économique en place et le déclenchement de la révolution tunisienne, en expliquant le piétinement de la révolution et de la transition démocratique par l'oubli de la question sociale, et notamment l'absence de la mise en place d'un modèle de développement alternatif.

Ainsi, après avoir souligné qu'il n'y a pas de causalité directe entre crise économique et révolution et essayé de définir qu'est-ce qu'un modèle de développement, M. Gherib est revenu sur les principales étapes par lesquelles est passé le modèle économique tunisien, tout en soulignant ses limites qui ont été à l'origine du moment révolutionnaire. Il a aussi abordé les principales raisons qui ont concouru à l'éclipse de la question sociale et donc aux difficultés de ladite « transition démocratique ».

Economie des médias : un champ d'analyse situé au carrefour de l'économie, de la sociologie et de la politique

Quant à lui, Maher El Kassab a présenté, dans son intervention intitulée « Les théories économiques des médias : Des modèles dominants aux analyses critiques », les principaux modèles économiques appliqués au champ des médias. « L'évolution et la transformation rapide de ce secteur a exigé le recours à des modèles et des théories de soubassement plutôt néoclassique. Toutefois, de tels modèles sont restés confinés dans des analyses normatives et n'ont pas pu expliquer le fonctionnement effectif du secteur des médias », a-t-il estimé.

Et de préciser que les analyses critiques, notamment celles de l'économie politique, ont pu palier ce déficit d'analyse, en mettant en évidence que l'économie des médias est un champ d'analyse qui se situe au carrefour de l'économie, de la sociologie et de la politique.

De son côté, Dr. Souhir Lahiani a examiné l'économie des médias en ligne en Tunisie à travers ses concepts fondamentaux, ses acteurs clés et ses enjeux majeurs.

Pour ce faire, elle a analysé l'économie des médias comme un sous-champ des sciences de l'information et de la communication, en se basant sur les modèles économiques des médias en ligne tels que la publicité, les abonnements, les partenariats et les produits dérivés d’une part, et les acteurs tunisiens (pure players, médias web d'investigation, plateformes vidéo, etc.) mettant en lumière la diversité du secteur, d’autre part.

En outre, Dr. Lahiani a souligné que les pratiques numériques, marquées par l'essor de TikTok et la hausse de l'usage d'Internet, sont illustrées par des données statistiques. D’ailleurs, les acteurs - médias publics, privés et associatifs - adoptent des stratégies variées pour monétiser leurs contenus et fidéliser leurs audiences.

S’agissant des enjeux majeurs, elle a cité la qualité éditoriale, cruciale pour se démarquer, et la viabilité économique face à une forte dépendance publicitaire. Ainsi, la formation des professionnels, le soutien étatique via des politiques publiques et l'innovation (IA, nouveaux formats) sont présentés comme des leviers pour dynamiser le secteur.

En conclusion, Dr. Souhir Lahiani a affirmé que la recherche sur l'économie des médias en Tunisie demeure à un stade exploratoire et requiert un approfondissement des études ainsi qu'une collecte accrue de données pour favoriser la transition vers un écosystème médiatique durable, diversifié et viable. Le chercheur, par ses travaux, génère des connaissances fondamentales essentielles à cet objectif.

I.Z.

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