Iran : 80 personnes, dont quatre femmes, se sont portées candidates à l’élection présidentielle prévue le 28 juin
80 personnes, dont quatre femmes, se sont portées candidates à l’élection présidentielle iranienne prévue le 28 juin suite à la mort dans un crash d’hélicoptère du président en exercice Ebrahim Raïssi, rapportent les médias à Téhéran. Le postulant le plus connu est le populiste Mahmoud Ahmadinejad, qui souhaite à 67 ans retrouver le poste de président qu'il a occupé de 2005 à 2013.
Une majorité des candidats sont des personnalités conservatrices ou ultraconservatrices. Seul un nombre limité de réformateurs ont soumis leurs candidatures, par anticipation de leur disqualification, comme cela fut le cas lors d’élections précédentes. Parmi eux, le plus connu reste Eshagh Jahanguiri, dont la candidature avait été disqualifiée lors du scrutin présidentiel de 2021.
Le Conseil des gardiens de la Constitution, organe non élu dominé par les conservateurs, a en effet le dernier mot sur les candidatures. Ses douze membres – six religieux nommés par le guide suprême et six juristes – ont jusqu’au 11 juin pour donner leur feu vert et décider qui pourra faire campagne. En 2021, il n’avait approuvé que sept candidatures, dont aucune d’un candidat réformateur ayant du poids sur l’échiquier politique.
Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, dont les propos ont été relayés par Iran Newspaper, a donné le ton ce lundi 3 juin, en affirmant que le régime “a besoin d’un président qui croit aux valeurs de la République islamique”.
Parmi les candidats modérés, l’ancien chef du Parlement Ali Larijani, également disqualifié par le Conseil des gardiens de la Constitution en 2021, et l’ancien président de la banque centrale Abdolnaser Hemmati ont plus de chance d’être sur la liste finale des candidats, estime la presse locale.
Dans le camp des ultraconservateurs, le chef du Parlement, Bagher Ghalibaf, ainsi que l’ancien négociateur sur le nucléaire iranien, Saïd Jalili, sont favoris.
La réformatrice Hamideh Zarabadi, l’une des quatre femmes candidates, a dit espérer qu’“un jour, des élections libres” auront lieu en Iran et qu’une femme arrivera à la tête du pays, rapporte le quotidien Shargh. Depuis 1979, les candidatures de femmes n’ont jamais été approuvées par le pouvoir.
Celui-ci, dominé par les conservateurs, n’est pas parvenu à s’entendre sur un seul candidat après que le président par intérim, Mohammad Mokhber, a finalement décidé de ne pas se porter candidat, soulignent certains médias. “En désaccord avec plusieurs ministres”, selon le journal modéré Ettelaat, Mokhber a décidé de soutenir Mohammad Bagher Ghalibaf.
Le journal réformateur Ham-mihan a dit regretter, par ailleurs, le climat général fermé à toute ouverture, alors que le pouvoir a déjà verrouillé les élections législatives tenues en mars dernier, ainsi que d’autres élections ces dernières années.
“La probabilité que des candidats réformateurs se retrouvent en lice est faible, et même si un réformateur [était retenu et] remportait la présidentielle, le noyau dur du pouvoir ferait tout pour paralyser son action”, explique le quotidien.
Le scrutin “reste le terrain de jeu des conservateurs et des ultraconservateurs”, qui “sont entrés en conflit entre eux depuis qu’ils ont saisi la quasi-totalité des instances” du régime, conclut Ham-mihan.
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