« Je suis arabe mais je me soigne »

« Je suis arabe mais je me soigne »

«  Dans mon album, Je n’ai rien inventé, les comportements que je critique sont très courants …rares sont les Tunisiens qui traversent un passage piéton par exemple … il faut être direct ça fait mal, ça choque, mais il est grand temps que nous nous dénoncions nous mêmes, que nous fassions notre propre autocritique « , c’est ainsi que le caricaturiste Lotfi Ben Sassi a présenté, lors d’une séance de dédicace, son 5ème album des «  Bokbok »  intitulé «  Je suis arabe mais je me soigne « .

Paru dans les éditions « Edito Editions », l’album de 60 pages de dessins a nécessité six mois de travail pour Lotfi Ben Sassi pour peindre les imperfections des arabes d’une manière directe sans complaisance, sans concession mais avec beaucoup de subtilité. Tous les arabes passent sous la plume acerbe du dessinateur qui n’épargne personne : les tunisiens, les arabes des pays du Golfe ou encore ceux issus de l’immigration.

Dans une déclaration à l’agence TAP, Lotfi Ben Sassi a indiqué que l’idée du livre est venue au cours d’une discussion avec le caricaturiste Plantu du journal français « Le Monde » sur la difficulté des dessinateurs de critiquer les arabes sans être taxés de racisme ou encore les juifs sans être qualifiés d’antisémite. Et d’ajouter, « Plantu m’a ainsi suggéré que chacun parle de sa communauté…la solution c’est que l’arabe parle de l’arabe et le français du français » a-t-il dit.

Et de continuer « Critiquer l’arabe est devenu un tabou, pour moi l’autocritique devient une manière pour rompre un silence citoyen complice face à des comportements qu’il faut dénoncer ! » a souligné Ben Sassi.

Selon lui, l’autocritique est aussi un moyen pour asseoir une certaine crédibilité et d’affirmer que tous les Arabes ne sont pas des terroristes. Ben Sassi scrute avec sa plume et sa verve les maladies des arabes à l’instar de l’incivilité, l’absence de solidarité arabe face à la cause palestinienne, la mégalomanie des pays du Golfe et la complaisance vis à vis du terrorisme. Avec ses dessins mélangeant critique et humour noir, le caricaturiste lance un cri d’alerte en invitant les arabes à prendre conscience de leurs maux et faire leur propre autocritique pour avancer. Mais les arabes sont-ils prêts à changer ? Parlant des arabes et l’autocritique, dans l’un des dessins du livre, le bokbok dit à propos des arabes « On aime l’Auto mais pas la Critique ! ».

Créées depuis 1992 par Lotfi Ben Sassi, les bandes dessinées « Bokbok » paraissent d’une manière quotidienne dans le journal La presse pour commenter d’une manière satirique l’actualité tunisienne et étrangère. Les « Bokbok » s’attaquent par les mots aux maux de la société en vue de soigner ses plaies en espérant qu’elle se redresse.

 

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