Journée mondiale de la liberté de la presse : Soixante-sept journalistes tués en 2015

Journée mondiale de la liberté de la presse : Soixante-sept journalistes tués en 2015

 

La liberté de la Presse, célébrée le 3 mai de chaque année à travers le monde, a été instaurée en 1993 par les Nations Unies pour honorer les principes de la liberté de la presse et rendre hommage à ceux qui ont combattu et payé de leur vie en l’exercice de ces mêmes principes.

Le 03 mai est donc à la fois une journée d'évaluation afin de dresser le portrait de la liberté de la presse à travers le monde, une journée pour rappeler aux États le respect des engagements qu'ils ont pris envers la liberté de la presse et une journée de dénonciation pour condamner les atteintes à cette liberté et les risques encourus par de nombreux journalistes à rapporter et à véhiculer l'information à travers le monde. Le Classement mondial de la liberté de la presse met en évidence une détérioration globale en 2015. Éprouvée par les conflits, la menace accrue d’acteurs non étatiques, les exactions commises lors de manifestations et par la crise économique et financière, la liberté de la presse régresse sur les cinq continents. Soixante-sept journalistes ont été tués dans le monde en 2015 en raison de leur profession, notamment en France, troisième pays le plus touché à cause de l'attentat contre le journal Charlie Hebdo. 27 «journalistes-citoyens» (blogueurs) et 7 collaborateurs de médias ont également été assassinés. En 2014, 66 journalistes avaient été tués. En tête des pays les plus meurtriers pour les journalistes cette année, figurent l'Irak et la Syrie, suivis de la France, du Yémen, du Soudan du Sud, de l'Inde, du Mexique et des Philippines. On dénombre ainsi 9 journalistes tués en Irak en 2015, autant en Syrie, et 8 en France parmi les douze victimes de l'attaque jihadiste contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015. Quelque 40% de ces décès sont liés à des groupes islamistes radicaux, principalement le groupe Etat islamique (EI) et Al-Qaïda. En France (45e, -7 places), on déplore qu'«une poignée d'hommes d'affaires ayant des intérêts extérieurs au champ des médias finissent par posséder la grande majorité des médias privés à vocation nationale». Et puis pour une raison plus récente et qui n’a quasiment pas été relevée : l’intégration par l’un de ces milliardaires, Patrick Drahi, de tous les journaux acquis par lui au sein de l’opérateur téléphonique SFR, qui est aussi sa propriété, constitue une remise en cause gravissime de la neutralité du Net, et fait peser de très lourdes menaces sur le pluralisme de la presse numérique.

La Tunisie (96e) fait par exemple un bond de 30 places. Le nombre d'agressions commises à l'encontre des journalistes est toujours trop élevé et la mise en pratique des dispositions garantissant la liberté de l’information tarde à se mettre en place.

Il est malheureusement notable que de très nombreux dirigeants dans le monde développent une forme de paranoïa contre l’exercice légitime du journalisme. Ce 3 mai, laissez-nous tous renouveler notre engagement pour aller vers un monde où la libre circulation de l’information et des idées reste une puissante locomotive de progrès, et où la liberté des médias constitue une des bases des sociétés saines et démocratiques.

Abdessatar Klai

 

 

 

 

 

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