Kaïs Saied est-il un communiste-islamique ?

Par Nouredine Ben Mansour 

Mais comment est-il devenu président de la république ? Kaies Saied est un cas particulier et une énigme. La question principale est la suivante : comment peut-il réussir dans sa campagne électorale et de sensibilisation sans aucun budget important et aucun financement ?  Il n’a eu aucun soutien médiatique ou financier et c’est rare qu’il fut invité par les responsables et les meneurs de jeu des chaines télévisées. 

Sa campagne n’était pas financée par les hommes d’affaires et la main invisible qui commandent et dirigent la scène politique locale. Les dépenses de sa campagne n’ont pas dépassé les 20 mille DT.

Comment Kais Saied a réussi ?

Kaïs Saied, l’homme qui est devenu président de la république tunisienne, n’était pas  une personnalité politique  populaire ou célèbre. Il n’était pas connu par les medias et les citoyens. Avant la chute du régime de Ben Ali aucun n’a entendu parler de ce nom.

Il était incognito et passe dans la foule inaperçu. Au début de la révolution il a eu quelques interventions à la télé pour l'explication des lois ou autres touchant la nouvelle constitution. 

Silencieux et solitaire, il se trouvait souvent à la place de la Kasbah aux jours des sit-in au début de la révolution. Il discute avec les jeunes manifestants et les encourage de tenir bon dans leurs exigences sociales. 

Il est un juriste qui a conscience de son rôle dans la société. Il n’est pas du type juriste dogmatique classique. Il ne faut pas oublier que Kais Saied est apparu subitement sans aucune manœuvre politique. Ce bonhomme malgré sa personnalité ambigûe est très apprécié par une large proportion de la jeunesse. Il impressionnait les jeunes. Où il va il s’entoure de jeunes. Il leur donne importance et répond bénévolement à leurs questions ; directement et sincèrement. 

Il était apprécié et bien aimé. Son engagement politique ne vient pas du hasard. Il a sûrement vécu certaines périodes difficiles au temps de Ben Ali et qui l’ont bien marqué.
 
Il  marchait  partout sans escorte ou publicité ; inlassablement et ce pour rencontrer des jeunes et surtout dans les régions déprimées. Il se déplaçait avec son ancienne voiture et aussi avec d'autres moyens du bord  et sans fracas. Au fond ces jeunes de ces régions étaient son vrai soutien aux élections et sa force de frappe. Ils l’ont soutenu corps et âme. C’est grâce aux jeunes de ces régions démunies de toutes les nécessités de la vie que Kais Saied est devenu président avec un score jamais réalisé par un politicien tunisien. 

Aujourd’hui et dans notre situation actuelle, il est devenu aisé et facile de devenir une personnalité importante et célèbre. Aussi certains se demandent si la célébrité est fatale ou si elle se forme et se construit avec le temps ? 

Quelle que soit la réponse, il est sûr que certaines personnalités politiques sont devenues célèbres par coïncidence et par hasard. C’est le vide qui crée les arrivistes et les corrompus. On peut affirmer que dans les circonstances normales une bonne réussite en politique exige un  certain temps et une stratégie à long terme bien garnie de tactiques à court terme. 

Toute réussite est basé sur une vision en temps réel ou autrement suivre les évolutions politiques et sociales tout en essayant d’y prendre part et ce activement. Donc et généralement la célébrité ne s’obtient pas par un coup de tête mais elle est le fruit d'une longue haleine et d’un travail méticuleux.

D’autre part, la politique dans nos jours est devenue autre et a pris une autre direction et surtout depuis quelques années où les systèmes de communication ont pris une autre envergure et où les informations, les propagandes et les rumeurs se déplacent facilement à travers les frontières. C’est grâce à l’ère de l’informatique que plusieurs incognitos sont devenus célèbres. 
 
Kaies Saied, un musulman, pieux et pratiquant. Il est un habitué des mosquées. Il applique correctement et en continu les règles de l’islam. Il est modeste ; simple et correct. Il n’est pas matérialiste ou quelqu’un qui cherche la richesse ou les prestiges. C’est une personnalité  qui cherche le bien et la justice sociale pour les autres. 

L'on n’a pas d’informations sur la période de sa jeunesse mais on sait bien que l’un de ses proches amis du temps de l’université, un certain communiste et qui est devenu par le temps son premier conseiller politique. Cette personne était la tête pensante de Kais Saied. C’est un communiste engagé qui a une bonne connaissance en marxisme léninisme et bien instruit. C’est une sorte de stratège. Il était  l’une des personnes  qui ont  préparé la stratégie politique ainsi que la stratégie et les tactiques électorales de Kaies Saied. 

La question qui se pose : Kais Saied, un fervent musulman alors que son conseiller est un communiste engagé. Comment peuvent-ils s’entendre ? Ont-ils un terrain d’entente ? Des pensées et des principes complètement contradictoires..

De ce fait et de cette réalité, on peut déduire que pour s’entendre il faut que l’un des deux se rapproche de l’autre et accepte ses principes ou tous les deux ont des proches principes, identiques ou similaires. 

De cette  supposition, il n’est pas étonnant que Kais Saied soit influencé par les principes de son ami communiste où il a dés sa jeunesse un penchant vers le socialisme.  Il est probable que Kais Saied soit un socialiste islamique. 

Ce socialisme islamique pour plusieurs musulmans ; surtout pour eux, ce socialisme n’est pas contradictoire avec les enseignements du Coran et de la sunnah du prophète Mohamed, surtout en ce qui concerne la redistribution de la richesse et les principes d’égalité. Il donne la possibilité de se libérer du fardeau des injustices sociales dans ses différentes formes, accentuer la solidarité sociale et le bien-être de l’individu. 

Le socialisme islamique est une sorte de comportement dans la vie quotidienne plus spirituel de socialisme. Il va de pair avec le socialisme marxiste en opposition du libéralisme économique.

Ce type de socialisme est prêché par plusieurs leaders islamiques et pays islamiques. Est-ce qu'on peut être  influencé par les principes de cette organisation islamique turque et de lutte contre le capitalisme qui prend comme doctrine l’islam et ayant comme slogan «Dieu, le pain, la liberté»

Certains principes de la stratégie politique de Kaies Saied sont très proches de ceux du communisme et du socialisme.  Donner le pouvoir au peuple en s’appuyant sur les fondements de la démocratie réelle. La démocratie doit partir de la base  tout en impliquant  les citoyens en leur assurant un réel pouvoir. De bas en haut. Tout doit partir du peuple vers les dirigeants du pays. C’est la masse qui assure et garantit la continuité du pays. Un nouveau système social qui s’appuie sur le local  et qui choisit son avenir dans le grand sens. 

Donc les propositions touchant tous les domaines  ainsi que leur mode de financement. Autrement tout passe par le citoyen dans sa ville ou son village. Aussi, ce qui est important les électeurs sont les vrais contrôleurs et ont droit de juger directement leurs élus sans intermédiaire. 

La philosophie de Kaïs Saied est de mettre hors circuit les anciennes habitudes surtout  tout ce qui touche aux mauvaises situations du bien-être du citoyen. Une démocratie partant de l’individu lui-même ; sans intermédiaire. Les relations de la société ainsi que les futures lois et principes économiques et sociaux  proviennent directement de la base. Pour lui toute démocratie est issue directement du citoyen sans intermédiaire. Il inverse tous les principes connus.

Cette philosophie, adoptée par Kais Saied, est en fait une  nouvelle démocratie a la «  saiedienne » mais est-ce que ses principes sont réalisables et aussi, comment une base peut-elle fonctionner sans un appui de haut ? 

En communisme, même les principes ont changé à travers le temps. Le communisme de Marx et de Lénine est différent de Staline car la pratique est complètement différente de la théorie. De là certains communistes ou socialistes on été réfutés de leurs partis à cause de leurs nouvelles idées et compréhensions des théories du  marxisme-léninisme. On les qualifie de révisionnistes dont certains on été obligés de quitter leurs pays. 

De cette façon, le monde a connu plusieurs stratèges de socialisme: Tito en Yougoslavie ; Nasser en Egypte ; Boumediene en Algérie; Bourguiba en Tunisie et autres leaders. Peut-être, en Tunisie on verra un nouveau socialisme par Kais Saied et on aura comme dénomination le socialisme saiedienne.  

(*) Dr.Ing.Gen.