Kamel Jendoubi: l’IVD est composée d’islamistes ou de sympathisants d’Ennahdha
Kamel Jendoubi, l’ancien ministre des droits de l’homme et de la société civile dans le gouvernement Habib Essid et ancien président de l’instance tunisienne supérieure indépendante des élections (Isie), revient, dans une interview accordée au journal la Croix, sur la décision de l’Assemblée nationale des représentants du peuple de ne pas prolonger le mandat de l’Instance Vérité et Dignité.
Malgré les soupçons qui entachent l’instance, nourris par des maladresses de sa part, il prône de la « réformer » et d’« inscrire son travail dans le temps ». Il profite pour régler ses comptes avec le président de la république Béji Caid Essebsi qui est, selon lui, un « farouche opposant à la justice transitionnelle », mais également avec « les islamistes » qui sont « plus isolés sur la scène internationale et avaient besoin de sauver l’alliance avec le parti présidentiel ».
L’IVD, a-t-il notamment affirmé, « est très mal partie. Des pouvoirs considérables ont été accordés à cette instance qui échappe à tout contrôle. D’où d’ailleurs le conflit actuel de savoir si elle peut se prolonger elle-même ou si cela est du ressort de l’assemblée des représentants du peuple ». « Elle s’est révélée très partisane dès le début, composée majoritairement d’islamistes ou de sympathisants du parti Ennahdha. Khemais Chammari, probablement le meilleur connaisseur de la justice transitionnelle en Tunisie, élu membre de l’IVD, a d’ailleurs d’emblée démissionné au vu de la composition de l’instance ».
Il lui reconnait, toutefois, d’avoir « pu en partie établir la vérité sur la répression et la torture, notamment lors des grandes audiences publiques pendant lesquelles les victimes se sont exprimées. Cela a certes été profitable. Mais le bilan n’est pas positif ».
Il préconise, enfin, « un audit pour dresser un réel bilan du travail de l’IVD, pour formuler des recommandations et sauver le processus de justice transitionnelle ».
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