La claque

La claque

 

L’annonce des résultats des élections législatives partielles dans la circonscription en Allemagne a sonné comme une raclée pour les partis politiques englués dans leurs conflits internes et incapables d’apporter des réponses à la grogne sociale et à l’attente des populations et une claque pour l’alliance « sacrée » entre Nidaa Tounes et Ennahdha qui ont mordu la poussière. Un échec cuisant pour le parti qui a renversé toute la donne au cours des élections législatives d’octobre 2014 et un revers embarrassant pour le président de la république Béji Caid Essebsi et pour son « allié » Rached Ghannouchi qui a promis le soutien de son mouvement au candidat de Nidaa contre la volonté d’un bon nombre de dirigeants et notamment la coordination d’Ennahdha en Allemagne.

Nidaa Tounes se croyait en mesure de remporter largement le siège de la circonscription d’Allemagne laissé vacant par son député Hatem Ferjani nommé secrétaire d’état aux affaires étrangères chargé de la diplomatie économique. Avec le soutien déclaré de son allié Ennahdha, il a misé sur un candidat consensuel proche des islamistes et sur une mobilisation des électeurs.

Au départ, le siège a été libéré pour le directeur exécutif du mouvement Hafedh Caid Essebsi. Mais l’annonce de son éventuelle candidature a suscité de vives réactions, y compris dans son propre camps. Le jeune Elyes Bouachba, qui figurait sur la liste des suppléants lors des législatives d’octobre 2014, a revendiqué son droit de porter les couleurs de Nidaa, mais il a essuyé un refus catégorique de la part de la direction du parti. Entre-temps, Hafedh Caid Essebsi est allé jauger ses chances en Allemagne, avant de décider de ne pas se présenter. A la clôture des délais, 26 candidatures ont été validées par l’Instance des élections.

Cette législative partielle était scrutée comme un test pour Nidaa Tounes dopé par des sondages pour la plupart commandités et biaisés. Car, à part son allié Ennahdha qui l’a soutenu sur les boues des lèvres, tous les autres partis politiques, y compris ses alliés au gouvernement, ont décidé de lui barrer la route. Même ceux qui n’ont pas présenté de candidats se sont ligués contre celui de Nidaa apportant leur soutien à un indépendant. La campagne de tous les candidats a été basée sur le rejet de Nidaa.

La victoire du jeune candidat, le cyberdissident Yassine Ayari, fils du colonel martyr Tahar Ayari, soutenu par des partis de l’opposition est celle de la démocratie. Mais elle est synonyme d’un malaise général et d’un ras-le-bol d’une jeunesse, toujours en quête de repères.  Elle exprime le rejet d’un « aggiornamento » politique qui s’est opéré à la faveur d’un accord entre deux partis pour se partager le pouvoir et régir ensemble le pays. Une sorte de « mariage d’intérêt » ou encore un vrai faux consensus qui cache une « bonne dose d’hypocrisie et de mauvaise foi». La désaffection des électeurs est évidente avec un taux de participation, le plus faible jamais réalisé. Sur un total de 27.000 inscrits, 1360 seulement se sont déplacés aux urnes pendant les trois jours réservés au scrutin, soit 5%. Le candidat arrivé en tête a récolté 265 voix. L’Isie qui s’est mobilisée pour organiser les élections a dépensé une somme colossale en ce temps de disette budgétaire, 500 mille dinars.    

Fallait-il libérer l’unique siège de la circonscription d’Allemagne, à mi-mandat pour de mauvais calculs partisans qui ont pris le dessus sur le sens de l’Etat ? Qui en assume la responsabilité ? L’imperdable a été perdu et l'impensable est arrivé. Le gâchis politique est incommensurable et on doit en tirer les conséquences.

B.O.

 

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