La contrebande des carburants passée à la loupe des spécialistes

Le marché parallèle accapare 30% des activités et fait perdre à l’Etat 500 MD par an

Dans le cadre de la lutte contre le marché parallèle du carburant et ses conséquences néfastes sur l’économie tunisienne, le GPP (Chambre Syndicale des Sociétés de Distribution de Carburants relevant de l'UTICA dont OiLibya, Vivoenergy, Total et Staroil sont membres) et la Chambre Syndicale Nationale des Gérants et des Propriétaires des Stations-services, toutes les deux affiliées à la Fédération Nationale de la Chimie ont organisé, aujourd’hui mardi 6 décembre 2016, une conférence de presse relative au commerce parallèle du carburant et son impact désastreux sur l‘économie tunisienne.

La conférence a permis de faire un bon nombre de révélations sur les désagréments voire les effets catastrophiques causés par la contrebande dans le secteur des carburants.

C’est ainsi qu’on apprend que le marché parallèle en la matière accapare désormais 30 pour cent alors qu’il n’était que de 10% avant 2011, que le prix y est de près de la moitié que celui pratiqué dans le circuit officiel, que les vendeurs de contrebande vendent le produit au bord de la routé au vu et au su des autorités en toute impunité, que le marché parallèle fait perdre à l’Etat la somme colossale d’environ 500 millions de dinars par an, que ces points de vente se trouvent, parfois, à 100 mètres seulement d’une station-service, que parfois les vendeurs sont, en même temps, employés dans le secteur public, que près de 40 à 50 gros camions passent, quotidiennement, la frontière et empruntent un circuit de routes bien déterminé et connu par les autorités officielles qui ne font rien pour les en empêcher…

Toutes ces données ont mené à la conclusion sous forme d’interrogation : Où est l’Etat qui doit assumer ses responsabilités ? Pour tous les intervenants, la seule solution se trouve entre les mains du pouvoir qui, au vu de l’ampleur prise par le phénomène, devenu un véritable «ogre », devrait agir d’une manière progressive afin de rétablir l’ordre dans ce domaine.

Entretemps, les intervenants ont lancé une campagne de sensibilisation ayant pour slogan principal  « El kontra kontrek » (la contrebande agit contre vous).

A noter, enfin, que la conférence de ce matin, qui s’est déroulée au siège de l’UTICA, a été marque par la participation de Lotfi Hamrouni membre du bureau exécutif de l’UTICA et président de la Fédération Nationale de la Chimie, Mohamed Chaâbouni, directeur général de Vivo Energy, Matthieu Langeron , président de la Chambre Syndicale des Sociétés de Distribution de Carburants et directeur du GPP, Sadok Bédioui, président de la Chambre Syndicale Nationale des Gérants et Propriétaires des Stations-service, et Ridha Kacem, responsable management d’OilLibya, Zied Ammar, directeur général de Star Oil et Hamadi Khemiri, secrétaire général du GPP.

Hassen Zargouni, président du cabinet Sigma Conseil, a eu une intervention magistrale, au cours de laquelle, il a expliqué que l’étude qualitative révèle que ce marché est perçu par les consommateurs comme étant supérieur au marché formel en termes d'offres et de prix et que les résultats de l’étude quantitative viennent le confirmer dans le sens où elle montre qu’un peu plus de 65% des personnes interrogées consomment le carburant de contrebande pour la différence de prix qui existe entre les deux marchés, même s’ils sont conscients des risques en particulier ceux liés à la qualité du carburant

Pour conclure, bon à souligner que les débats ont été dirigés de main de maître par notre collègue, Wassim Ben Larbi, journaliste-animateur vedette à la radio Express Fm, qui a su assurer la fluidité et l’enchaînement nécessaire pour une meilleure compréhension de cette problématique complexe.

Noureddine HLAOUI