La Danse des Rambourg I: Les dessous de la fondation Rambourg et Aïch Tounsi

La Danse des Rambourg I: Les dessous de la fondation Rambourg et Aïch Tounsi

Par Jamel HENI 

Cela ressemble à une saga en trois temps. Embuscade, razzia culturelle, puis razzia politique. Le couple Rambourg a créé sa fondation en Tunisie en 2011. Cinq ans plus tard, se verra-t-il accorder le privilège d’organiser l’exposition « réveil d’une Nation  » au Palais Ksar Saïd du Bardo.

Quid des appels d’offres, le jeu sembla en valoir la chandelle aux yeux du ministère de la culture. Deux semaines plus tôt, un nouveau prix fut annoncé en grandes pompes : le Prix de la Fondation Rambourg pour l’art et la culture. Puis en cascade, un centre culturel à Jebel Samama à Kasserine), narguant les « terros » dans leur fief ! (Une hypothèse comme les autres !), le projet « Mille et un films » dans trois cents écoles, des bourses d’études en partenariat avec l’université Columbia, Un doc sur Hédi Jouini, enfin et surtout les « Rencontres de la jeunesse méditerranéenne ». Une fondation est-elle habilitée à organier de telles manifestations ! Retour par la fenêtre de feue l’Union pour la méditerranée? Rien de plus obscur.
 
En terre conquise, les Rambourg, soutenue par la franco-tunisienne Elisabeth Krief, vice-présidente de la fondation et consultante en art et culture, tenant galerie au quartier latin à Paris, donnent l’assaut final : Aich Tounsi. Une officine sans identité juridique, entre le think tank public et le sondage frauduleux, de bout en bout, ambigüe, subreptice et occulte. 

Un pas par-ci. De pauvres ados déboussolés seraient transformés en « télé interviewers » de fortune, et procèderaient à un recueil de données massif, sans mandat ni délégation. Un pas par-là. De fracassants spots mi-pub mi-campagne, tournés avec quelques figures de proue de la scène artistique. Un pas en avant : Olfa Rambourg annoncerait-elle sa candidature aux présidentielles de 2019 ? La nouvelle coqueluche de la cinquième colonne, ne dirait pas non. Traduisez «  bien sûr », dans un français maternel. 

La Tunisie :  refuge doré  des Rambourg 

Mais qu’est-ce qui aurait « refoulé »  un couple européen  jeune et fortuné  sur nos rivages ? Retour sur un refuge doré au pays des « harraka ».

Lorsqu’il créa sa fondation tunisienne, le célèbre boursier franco-canadien venait d’être suspendu  par le Fond d’investissement Londonien Gartmore, dont il était le trader vedette. Les griefs à son encontre étaient qualifiés de délits d’initiés. 

Le virevoltant gestionnaire de portefeuilles et détenteur de 4% des parts de la société, aurait  « tenté d'inciter ses traders à faire appel à des courtiers spécifiques pour exécuter des transactions » selon le site business insider France. Avant de préciser que « Gartmore a découvert que Rambourg avait utilisé le système de messagerie instantanée de Bloomberg pour les intermédiaires chargés d’effectuer les transactions ». 

Selon Reuters, certains courtiers auraient donné de l'argent à des œuvres caritatives de Rambourg. Le mécénat était déjà un écran humanitaire à l’activité principale au sein de la city londonienne. 

Le col blanc de L’École supérieure des sciences économiques et commerciales de Cergy, n’en fut pas à son coup d’essai. Toujours selon Reuters « Consob ( l’autorité italienne de régulation des marchés financiers) a déclaré que Guillaume Rambourg et quatre autres avaient été condamnés à une amende supérieure à un million d’euros (1,35 million de dollars) à la suite de l’achat d’actions de Banca Italease BIL.MI en janvier 2006, alors qu’ils étaient au courant de la publication imminente d’un Citigroup ». Encore un délit d’initiés. 

Fin 2010 Guillaume Rambourg fausse compagnie à ses collègues qui quittaient la City vers Genève. Il s’installe à Paris et y crée Verrazano Capital, une société par action simplifiée, Un société de gestion de type 2. Un gros portefeuille de fonds spéculatifs pour faire court. Verrazano « du nom d’un pont New Yorkais d’où part un célèbre marathon » précise le blog-médiapart. 

Lorsqu’Emmanuel Macron rejoint l’Elysée sous la présidence de François Hollande, l’ex-trader fait des pieds et des mains pour croiser sa route. Il y arrive de nouveau par la city. « Je l’ai aidé à se connecter aux Français travaillant dans la finance en Angleterre » confie-t-il à Libération en 2017. 

L’ancien guide londonien, pompeusement présenté comme le principal bailleur de campagne d’Emmanuel Macron, organisera deux dîners parisiens  (7500 euros nous dit-on)! Il en sera grassement récompensé : « Rien de moins qu’une quantité incroyable de nouveaux portefeuilles à gérer. La raison en est simple : Macron ayant entièrement supprimé du barème de l’impôt de solidarité sur la fortune tout ce qui ne relève pas de l’immobilier, et donc le patrimoine financier, les riches sont incités à se tourner vers lui car il devient beaucoup plus rentable de spéculer en France ! Ajoutez à cela la mise en place de la « flat tax », c’est-à-dire le plafonnement de la fiscalité sur le capital à 30 % et le nombre de riches particuliers et institutions désireux de recourir aux services de Guillaume Rambourg va exploser », explique Media-part. 

Entre temps Panama Papers, s’en mêle. La revue Faits & Documents, dans son numéro 437 (du 1er au 15 juillet 2017), nous met en copie d’un contrat de bail locatif signé en 2013 entre les représentants de Bab EL Maktoub.SA, société de Droit panaméen et la représentante de la société Capella Sarlau,  située au Maroc. Or les deux représentants de Bab el Maktoub ( Palais à Marrakech) ne sont autres qu’Emmanuel Macron et Guillaume Rambourg.  Tandis que la dirigeante de Capella Sarlau se trouve être sans surprise Olfa Rambourg, née Tarras !   Guillaume Rambourg aurait ainsi loué « leur » palais à sa femme pour la durée d’un an avec tacite reconduction…. 

L’ancien trader suspendu, avait ainsi plusieurs cordes dans son arc. Il connaissait sur le bout des doigts la législation et les rues de la city, l’Italie, Paris et le Maroc !

 Mais surtout Tunis. Il y est depuis 2011. Il sait par quel bout le prendre : la culture. A la fois parent pauvre du développement et clé de voûte de la start-up politique qu’est devenu le pays…… 

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