La dramatique situation de migrants en Italie et le silence complice des autorités tunisiennes

La dramatique situation de migrants en Italie et le silence complice des autorités tunisiennes

Le reportage diffusée, au cours de la soirée de jeudi 21 décembre 2017, dans l’émission « Ce qui n’a pas été dit » animée par Hamza Belloumi sur la chaine Al Hiwar Ettounsi, sur la situation des migrants tunisiens à Lampedusa est écœurant et nous interpelle tous, gouvernement, partis politiques société civile et médias. Des jeunes tunisiens qui ont pris le large attirés par de fausses sirènes de l’Eldorado européens se sont trouvés en proie au froid, à la faim et au harcèlement de la police italienne. Les témoignes sont affligeants à fondre le cœur. Une centaine de jeunes dont cinq femmes, passent leur nuit dans des grottes insalubres, exposés à tous les dangers. Ils côtoient les insectes, les reptiles et les rongeurs. Un véritable drame de la migration clandestine. Selon leurs déclarations, la traversée leur a coûté en moyenne 4.000 dinars chacun. L’une des cinq femmes a affirmé avoir vendu ses objets pour pouvoir joindre leur côté de la Méditerranée.

Au mois d’octobre dernier, une soixantaine de migrants tunisiens ont observé une grève de la faim pour attirer l’attention des autorités italiennes et tunisiennes sur leur situation.  Aucun échos ni réaction.  « Ni la faim, ni la soif, ni les nausées, ni les vomissements, ni les conditions difficiles ne nous font autant de mal que le silence complice sur la violation de notre droit de circulation, sur les politiques injustes, sur les déportations forcées juste parce que nous sommes des Tunisiens et que notre gouvernement accepte ceci dans des accords non divulgués », ont-ils déclaré.

Pourtant, une délégation tunisienne conduite par le secrétaire d’Etat chargé de la migration et des Tunisiens à l’étranger Adel Jarboui s’est récemment rendu en Italie pour examiner avec les autorités italiennes les conditions de détention des migrants irréguliers et les moyens de régulariser leur situation.  Elle a rencontré le secrétaire d’Etat italien aux Affaires étrangères et à la Coopération internationale, Vincenzo Amendola et s’entretenu avec des responsables de l’organisation internationale de la migration ainsi que des Tunisiens établis en Italie.

Or, selon le député Riadh Jaidane la délégation tunisienne a signé, à Rome, « un accord avec les autorités italiennes pour l’expulsion forcée des sans-papiers tunisiens ». Un autre accord aurait été signé, selon le député, avec les autorités françaises « afin d’encourager le retour volontaire des Tunisiens résidant en France mais sans aucune contrepartie ». Jaidane qui a été élu sur une liste indépendante en France, « l’Appel des tunisiens à l’étranger », s’insurge contre ce genre d’accord qui sacrifie les droits des Tunisiens.   « Les sujets qui intéressent nos compatriotes n’ont pas été abordés. Il cite « la nécessite de modifier les termes de l’accord franco-tunisien en matière de sécurité sociale ou la révision de l’accord franco-tunisien de 2008 relatif à la gestion des flux migratoires (Rappelons qu’il a mis fin aux avantages de l’accord de 1988) ou la facilitation des démarches de nos "sans papiers tunisiens" qui résident depuis plusieurs années sur le territoire français et qui ont des familles ou des enfants scolarisés en France »...

Contrairement aux autres pays maghrébins, la Tunisie a accepté le refoulement e se ressortissants. Une enveloppe de 350 millions d’euros aurait été allouée par l’Union Européenne pour la réinsertion de jeunes rapatriés et une prime de 3.000 euros serait allouée à chacun d’entre eux. Entre 1.560 et 2.190 tunisiens ont été rapatriés depuis l’espace européen tout au long des 33 premières semaines de l’année et notamment depuis l’Italie, la France et l’Allemagne. Des vols charters sont organisés, chaque semaine, à partir de ces pays pour atterrir à l’aéroport Enfidha. En moyenne 80 migrants sont expulsés de l’Italie par semaine.

Selon le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), 7.988 migrants tunisiens ont réussi à entrer irrégulièrement sur le territoire italien, dont plus que la moitié,  durant les deux mois de septembre et d’octobre 2017. Ce chiffre a commencé à s’accroître depuis le mois de juin pour atteindre son seuil en octobre où le nombre a progressé de 17 fois par rapport au même mois de l’année 2016.

B.O

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