La HAICA n’a plus de validité légale et a épuisé sa légitimité juridique ?

 La HAICA n’a plus de validité légale et a épuisé sa légitimité juridique ?

Conférence de presse houleuse ce vendredi du Conseil de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle. Devant se concentrer sur la loi alternative au décret-loi n°116 de 2011, l’audiovisuel public, les chaînes hors la loi et la transparence financière des entreprises du secteur, cette rencontre avec les médias s’est transformée en partie en réquisitoire contre cette autorité considérée par des journalistes comme n’ayant plus de validité légale depuis l’élection de l’ARP et ayant épuisé sa légitimité en raison des démissions en son sein.

Dans ses réponses, Hichem Snoussi membre de la HAICA a indiqué que la Haute Autorité agit dans le cadre du décret-loi 116 et la Constitution de 2014, affirmant que les deux textes stipulent que cette autorité prendre fin avec la constitution d’une nouvelle instance. « Depuis l’élection de l’Assemblée nous n’avons cessé d’écrire aux parties concernées pour réclamer la formation d’une nouvelle instance, mais en vain. » S’agissant des membres démissionnaires et le renouvellement au tiers tous les deux ans selon la loi, il a affirmé que le Tribunal administratif a été consulté qui a jugé que les démissions peuvent être considérées comme étant le premier renouvellement au tiers et que de ce fait la HAICA agit en toute légalité. « Dire que la HAICA a perdu sa légitimité accompagne souvent les campagnes de dénigrement de celle-ci par des parties ne voulant pas respecter quoi que ce soit, et dont les intérêts sont menacés par la HAICA » a ajouté Snoussi.

L’anarchie qui gagne le secteur audiovisuel a été l’autre sujet évoqué au cours de la conférence de presse. « La situation inique » dans laquelle la Haute autorité se trouve en rapport avec l’audiovisuel public a été soulignée par des intervenants qui n’ont pas manqué de relever la nomination puis la révocation d’Eyes Gharbi comme PDG de l’Etablissement de la télévision « sans objection » de la part de la HAICA ainsi que la nomination par le PDG intérimaire des directeurs des chaînes nationales 1 et 2, alors que la loi ne le permet pas « sans que la HAICA ne lève le petit doigt ».

La répartition de la publicité institutionnelle « par favoritisme » et « les dérapages » de l’information publique et son alignement sur des parties au pouvoir ont été également mises en évidence sans une réponse convaincante des membres de la HAICA.

Pour sa part le président de la HAICA Nouri Lajmi a indiqué que l’autonomie financière de la HAICA et la mise à sa disposition des ressources nécessaires et suffisantes lui permettront d’accomplir sa mission principale en tant qu’instance de régulation crédible, et ce dans l’objectif de promouvoir le rendement des médias audiovisuels. Dans ce contexte, il s’est dit étonné de voir le budget réservé à la HAICA au titre de l’année 2018 réduit à environ le quart de ce qui a été convenu auparavant et ce sans aucun justificatif.

”La réduction du budget de gestion de la HAICA pourra affecter son rendement et ses engagements avec ses partenaires et collaborateurs”, a-t-il dit. Le président de la HAICA a, aussi, signalé que l’instance a relevé certains dépassements graves et des tentatives de mainmise du pouvoir sur les médias publics alors que les Tunisiens seront bientôt appelés aux urnes pour les élections municipales.

Dans ce cadre, Nouri Lajmi a cité en exemple la révocation de certains responsables de médias audiovisuels de leurs postes sans consulter la HAICA outre certaines plaintes dénonçant le retour aux directives du pouvoir et l’atteinte aux droits et aux libertés. L’intervenant a, également, souligné la difficulté du passage du “média gouvernemental” au “média public”, mettant l’accent sur l’importance de renforcer la formation des journalistes.

“Il convient de mentionner que la HAICA a constaté un manque de professionnalisme et l’absence de neutralité notamment lorsqu’il s’agit des activités des pouvoirs exécutifs”, a-t-il dit.

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