La polémique sur la démonstration de force de Khalifa Haftar dégonflée

La polémique sur la démonstration de force de Khalifa Haftar dégonflée

 

Les Tunisiens adorent les polémiques surtout celles qui leur semblent piquantes et souvent inhabituelles. Ils s’y intéressent d’autant plus qu’elles peuvent représenter des clivages entre les sensibilités politiques. La démonstration de puissance des forces spéciales du maréchal Khalifa Haftar le commandant en chef de l’armée libyenne lors de sa visite à Tunis n’a pas dérogé à la règle.

Les services de communication de l’officier général libyen ont diffusé à escient une vidéo montrant le départ de Benghazi de ces forces spéciales accompagnées de véhicules blindés pour la visite de leur chef en Tunisie.

Il n’en pas fallu plus pour que beaucoup de Tunisiens y voient une atteinte à la souveraineté de la Tunisie. Des politiciens se sont engouffrés dans la brèche pour dénoncer un véritable scandale tel que qualifié par un des dirigeants de Harak Tounés Irada Adnen Mansar qui ne pouvait rater une telle occasion.

Si tout cela semble logique, il n’en est rien en fait. Car ce genre de visite fait l’objet de négociation entre les deux parties, les services du visiteur et ceux de l’autorité invitante, à savoir la présidence de la république. Ainsi on a remarqué que le militaire libyen est arrivé au palais de Carthage en tenue civile et non en tenue militaire, une condition certainement exigée par la partie tunisienne.

Dans le même ordre, la partie tunisienne lui a donné, dans le communiqué officiel publié par la présidence de la république le titre de « maréchal » sans lui accoler la fonction de commandant en chef de l’armée libyenne comme il aime se faire appeler. Cela a dû faire l’objet d’un accord entre les deux parties.

D’ailleurs aucun de ses accompagnateurs n’était en tenue de militaire. On a remarqué aussi que ni le ministre de la défense ni aucun militaire tunisien n’a été associé à la visite. Haftar a été accueilli par le directeur du cabinet présidentiel Slim Azzabi et le président était entouré par ce dernier et par ses conseillers au palais et par personne d’autre.

Ainsi les contours de la visite ont été bien délimités. Qu’il se soit fait accompagner par une escouade de militaire libyens dans l’avion cela n’a rien de surprenant. Mais ces militaires libyens n’ont pas quitté le tarmac de l’aéroport où ils ont été cantonnés pendant la visite du maréchal libyen au palais de Carthage.

Personne ne pouvait l’empêcher de transporter non plus des véhicules blindés, mais ce n’est pas à bord de l’un de ces véhicules qu’il est arrivé au palais de Carthage.

C’est ce qu’a confirmé Anis Mogaadi syndicaliste sécuritaire et fonctionnaire à la direction générale de la sécurité présidentielle qui a affirmé que les 32 accompagnateurs du maréchal Haftar n’ont pas quitté l’aéroport et que seuls 4 éléments en tenue civile ont pu se rendre avec lui au palais de Carthage comme convenu.

La vidéo diffusée est destinée à la propagande intérieure libyenne a-t-il ajouté à juste titre.

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