La Tunisie augmente le salaire minimum et fait baisser le pouvoir d'achat

Le même jour, deux annonces importantes ont été communiquées par deux ministères tunisiens différents.

Au moment où le Premier Ministère annonce, samedi 17 juillet 2010, une hausse des salaires minimum en Tunisie, le Ministère du Commerce et de l'Artisanat annonce, à son tour, une augmentation... relative au prix du pain.

En d'autres termes, le gouvernement décide, à la fois, d'augmenter et le pouvoir d'achat et le coût de la vie du ménage tunisien.

Le gouvernement a certes augmenté les salaires minimums des différentes activités de près de 4,5%, mais a, d'un autre côté, augmenté le prix du gros pain (400 grammes) de 4,16% et du petit  pain (220 grammes) de 5,26%.

Le dernier indice des prix à la consommation familiale publié par l'Institut national des statistiques (INS) fait état d’une inflation globale de 4,8% pour les six premiers mois de 2010.

Même si sur la base de cette valeur, l’augmentation du Salaire minimum pourrait faire penser que les salariés payés en fonction du SMIG et du SMAG verront leur pouvoir d’achat diminuer seulement de près de 0,3%, une lecture approfondie de cet indice montre que le jugement est encore moins flatteur.

Autrement dit, par rapport au principal poste de dépense que l'on pourrait qualifier d' « incompressible » pour la majeure partie des familles tunisiennes, à savoir celui « des produits alimentaires et boissons » l'indice enregistre une hausse de 7,9% du poste alimentaire rien que pour le premier semestre 2010 (avant la hausse du prix du pain) !

Si les travailleurs ont tendance à refuser toute baisse du salaire nominal, ces derniers ne pourront s'opposer à une baisse de leur salaire réel en raison de l'inflation. Et c'est justement ce qui s'est passé.

Ainsi, à travers la hausse du salaire minimum, le tunisien moyen pourrait être victime d'une illusion monétaire en pensant uniquement à l'augmentation de son salaire sans se soucier du phénomène de l'inflation qui frappe son pouvoir d'achat.

Avec cette stratégie, le gouvernement tunisien semble adopter une politique de relance "Keynésienne" favorisant l'emploi.

En effet, face à l'inadéquation des prix entre demandeurs et offreurs d'emploi dans des secteurs  stratégiques (tel que le textile et habillement) empêchant la résorption du chômage, le gouvernement tunisien trouve la parade en tendant la perche aux entreprises tunisiennes pour embaucher en fonction des besoins, c'est-à-dire de l'activité économique, et non en fonction de la variation du prix de la main d'œuvre (qui devient plus abordable).

Par Mohamed-Hamza Lakhoua