La Tunisie est en danger et elle peut basculer dans le chaos

La Tunisie est en danger et elle peut basculer dans le chaos

 

« Sur le champ des principes, il n'y a pas de place pour la négociation. » Lucien Bouchard

La flambée de violences qui s'est produite lundi en début de matinée dans le gouvernorat de Tataouine est l'aboutissement d'un mouvement social qui dure depuis plusieurs semaines. Comme d'autres régions de la Tunisie intérieure, la population de cette zone du Sud-Est, frontalière avec la Libye, se plaint de faire l'objet de discriminations économiques et sociales par rapport au littoral relativement plus prospère.

Revenons aux différentes étapes de cette crise qui fait trembler les fondements de l’état tunisien depuis plus de deux mois.

Une délégation ministérielle s'est rendue sur place le 4 avril, sans parvenir à apaiser la grogne.

Le voyage du chef du gouvernement, Youssef Chahed, à Tataouine était une gageure et une aventure dont l’issue n’était pas assurée. Au vu du degré de tension dans la région, toute autre personnalité politique aurait essuyé les mêmes réactions que lui. Ce qui était déjà arrivé au ministre de l’Emploi, à Tataouine toujours, en est la preuve. Accompagné de 11 ministres et secrétaires d’État, Chahed s’est rendu jeudi 27 avril 2017 à Tataouine, une région du Sud tunisien depuis quelques semaines secouée par des manifestations qui revendiquaient l’emploi et le développement. Arrivé avec quelques «cadeaux dans les mains », comme «fuité» dans quelques sites, le chef du gouvernement tunisien a annoncé, lors de cette visite, pas moins de 64 mesures. On y trouve le financement de 670 petits projets et 150 autres au profit de la femme, l’élargissement de l’intervention de la Banque de solidarité pour financer les projets agricoles, la création d’un complexe pour l’emploi et le travail indépendant et le recrutement de 500 agents dans la société de l’environnement, une structure fabriquée de toutes pièces pour absorber le «chômage». Et malgré ça le premier ministre a été chassé en n’achevant pas sa visite comme prévu. Une nouvelle revendication est déclinée par les habitants qui réclament leur quotte part du pétrole produit dans la région. Ainsi l’unité et la solidarité nationale sont remises en cause.

Une minorité maximaliste

Un accord signé la semaine dernière entre les représentants  des manifestants et les autorités locales ont permis de répondre partiellement à leurs revendications. Ces derniers ont obtenu la création des 1500 emplois dans les sociétés pétrolières et 2000 - au lieu des 3000 exigés - dans les sociétés d'"environnement". Par ailleurs, un fonds de développement régional doté d'un budget annuel de 50 millions de dinars (environ 20 millions d'euros) sera créé.  L'annonce de ce compromis a été soumise au vote des manifestants qui campaient aux portes du site d'El-Kamour. Selon une source syndicale de l'Union générale du travail tunisien (UGTT), une majorité s'est dégagée en faveur de l'approbation du plan mais une minorité l'a refusée et décidé de relancer l'agitation.

La semaine dernière, la minorité maximaliste bloque toujours la situation. Ainsi ils ont décidé de fermer la vanne pour arrêter la production du pétrole à El Kamour. Le gouvernement a décidé de sécuriser les sites pétroliers au sud tunisien par l'Armée et les agents de la Garde Nationale. Les citoyens ne devraient pas entrer en confrontation avec les soldats ni essayer d'accéder aux sites pétroliers pour éviter les répercussions néfastes que cela pourrait avoir.

Le front de refus à toute proposition a poussé le bouchon loin en créant une situation explosive insurrectionnelle a abouti à un drame aujourd’hui le lundi 22 mai. Le décès d’un des protestataires d’El Kamour de la délégation de Bir Lahmar après avoir été écrasé par un véhicule  de la garde nationale . Ce décès serait dû, se à un piétinement par les manifestations au moment de l'attaque contre le siège du District de la sûreté nationale à Tataouine. Les manifestants ont incendié le district de la Garde nationale et le district de la police symboles du prestige de l’état.

Ce que se passe à Tataouine est vraiment grave et remet en cause la sécurité nationale et l’indivisibilité de l’état. Le prestige de l’état est vraiment par terre alors que c’était le slogan phare du Président lors de sa campagne des présidentielles de 2014. Ceci nous interpelle car la Tunisie est en danger et elle peut basculer dans le chaos total aujourd’hui à Tataouine et demain ailleurs si nous continuons la même politique et la même approche de gestion de crise. Soyons honnêtes. La gestion de cette crise était  mal menée par l’équipe gouvernementale. Elle a assez duré dans un cadre illégal. Nous aurons aimé voir ce gouvernement négocier avec des représentants d’associations reconnues et représentatives de la société civile, de l’UGTT, de l’UTICA, des députés de la région et non avec des représentants autoproclamés. Qui est derrière ? Ils représentent qui ? Quels sont leurs objectifs?  Quelle légitimité ils ont ?  Le gouvernement aura dû constituer une vraie cellule de crise qui a le  pouvoir de négocier tout le temps qu’il faut  avec des interlocuteurs bien connus afin d’apporter plus de calme, plus de sérénité et des propositions concrètes aux attentes. La méthode utilisée est approximative et n’a fait qu’en envenimer la situation. 

C'est un drôle de pays, la Tunisie, où les négociations ont toujours lieu après le déclenchement des grèves et non avant.

Sortir de la crise par le haut

L'ÉTAT est pris en otage par des personnes expérimentés dans le grand banditisme avec l'aide de certains partis politiques qui profitent de la phase de faiblesse qu’il traverse depuis 2011 pour l’affaiblir davantage et créer le chaos généralisé qui sert leurs intérêts particuliers. Ce gouvernement n’a d’union nationale que le titre vu la solidarité apportée par les partis qui le constituent au premier Ministre lors de cette grave crise.

Aujourd’hui nous sommes à un tournant. Nous avons peur pour la Tunisie qui a tenu sept années sans grabuges graves par rapport aux autres pays arabes qui ont connu la même situation de révolte en 2011. Le moment  est à l’union nationale pour protéger l’état et apporter les solutions adéquates aux problèmes posées par les régions déshéritées qui n’ont rien vu à l’horizon depuis sept ans. L’attente est grande et si chacun continue de tirer la couverture vers soi pour planter l’autre partie et prendre sa revanche politique, la sanction sera lourde pour le pays entier

Il est temps de restaurer le prestige l'autorité de l'état des termes qui sont devenus désuets et d’opter pour une vraie politique alternative pour le développement de ces régions déshéritées et oubliées depuis tant de décennies.  La même politique menée depuis 1974, une politique libérale ne pourra qu’engendrer les mêmes problèmes et les mêmes difficultés rencontrées par nos concitoyens chômage et précarité.

Le mois de ramadan qui arrive s’annonce comme le mois de tous les dangers. Restons unis et vigilants au service de l’intérêt général du pays et de nos concitoyens. Mais je dis aux deux parties que « Sur le champ des principes, il n'y a pas de place pour la négociation. »

Que ne vive point en Tunisie quiconque la trahit.

Que ne vive point en Tunisie qui ne sert pas dans ses rangs !

Nous vivons et mourons pour l'engagement,

La vie des Augustes ou la mort des Grands !

 A.Klai

 

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