La Tunisie malade de ses syndicats: Grève générale ou prise en otage ? 

La Tunisie malade de ses syndicats: Grève générale ou prise en otage ? 

Malgré les nombreuses tentatives de négociations salariales entre le gouvernement et la centrale syndicale pour sauver le pays d'une énième grève aux conséquences incalculables, rien n'y fit. La grève générale de la fonction publique et du secteur public, prévue ce jeudi 17 janvier, a été maintenue plongeant le pays dans une nouvelle crise.

Comme si la situation catastrophique du pays ne suffisait pas, comme si la situation alarmante de la baisse du pouvoir d'achat ne suffisait pas...les syndicats n'ont rien trouvé de mieux à faire qu'à prendre à nouveau le pays en otage au nom d'une révolution qui commence à perdre de sa superbe, si ce n'est déjà fait.

L'un des premiers signes les plus visibles de la révolution dans notre pays a bien sûr été la disparition de la fameuse notion de peur du gendarme. A tous les niveaux, le grand bordel règne en maître absolu. L'indiscipline, le laisser aller, le manque de savoir vivre ont foutu le camp. Les grèves sauvages et ridicules doublés de sit-in anarchiques sont désormais devenus la règle.

A telle enseigne que les Tunisiens se perdent encore en conjectures sur la conduite à tenir pour mener la barque Tunisie à bon port. Une barque qui a pris tellement d’eau que nombre d’observateurs avertis la voyaient déjà engloutie depuis un lustre dans les profondeurs abyssales.

Chaque jour qui passe, l’après-révolution nous apporte son lot d’incertitudes, de dérapages, mais aussi d’aberrations inimaginables. Si Ben Ali avait créé des lèche-bottes, des hypocrites et autres cireurs de pompes de tous acabits, l’on est tentés de dire, sans risque de se tromper que la révolution a enfanté des rouspéteurs, des râleurs et d'éternels insatisfaits.

C'est ainsi qu'on assiste à une recrudescence dangereuse de syndicats qui, au nom d’une démocratie et d’une liberté qu’ils ont du mal à comprendre, foulent au pied les règles les plus élémentaires du syndicalisme.

Le gouvernement, fidèle au respect inconditionnel du droit à la grève et pour tenter de minimiser un tant soi peu l'impact de cette grève générale, s'est rabattu sur les réquisitions pour faire fonctionner, ne serait-ce qu'au ralenti les secteurs les plus vitaux (à l'instar de la santé, des transports). Et ce conformément au décret gouvernemental relatif à la réquisition des agents de certains ministères, établissements et entreprises publiques afin d’assurer un service minium. Ce à quoi s'oppose l'Ugtt qui pointe un doigt accusateur contre le gouvernement qui cherche, selon elle, "à diriger la loi contre les travailleurs afin de nuire au droit de grève garanti par la Constitution".

Au lieu de se mettre durement au travail et tenter de sauver une économie à genoux, les syndicalistes tunisiens, poussent, chaque jour que Dieu fait, le bouchon un peu plus long, en organisant des grèves contre-productives tant la plupart des revendications salariales et autres sont dans l'état actuel des choses irréfléchies et irréalisables.

Il est vraiment temps que ces syndicats comprennent que la récréation est finie et que la Tunisie a déjà assez souffert et que l’Etat n’a pas de baguette magique pour satisfaire à tous ces « caprices », alors que les vraies questions attendent encore dans les tiroirs du gouvernement.

Il est temps aussi que les syndicats comprennent que le droit de grève ne signifie pas prendre le pays en otage. Il est temps aussi de ramener le droit de grève à sa juste proportion. Un droit d'arrêter le travail ne doit, en aucun cas, entraver la possibilité pour ceux qui le souhaitent de travailler ou de se déplacer.

Non seulement cette grève générale fera perdre, selon un expert, quelque 400 millions de dinars à l'Etat, mais les augmentations salariales, en l’absence d’une croissance, ne feront qu’empirer la donne et nuire davantage aux équilibres financiers de l’Etat. 

Car il est désormais connu: toutes les augmentations salariales opérées après la révolution mènent illico à l’endettement de l’Etat. Un endettement qui risque d'avoir à l'avenir des relents de bombe à retardement.

 

Votre commentaire