La vision en tunnel de l’action commune arabe

La vision en tunnel de l’action commune arabe

 

La 30 ème session du Conseil de la Ligue Arabe s’est clôturée le weekend dernier à Tunis. Un sommet qui fit couler moins d’encre que d’usage. Moins de bruit que d’habitude. Et pourtant. 

Une participation record pour une période de crise, une forme de diplomatie directe ( pour la première fois), des résolutions thématiques sectorisées, tournées vers des compromis plutôt réalistes, une unité  retrouvée sur la Palestine, AL-Quds, le Golan, le renoncement aux transitions armées, un protocole de coopération scientifique…. Autant de conclusions auraient pu donner l’impression du contraire. Hélas, non. 

Pourquoi ce sens aigu de la controverse, là où on aurait pu trouver un consensus national? 
 
Il me semble qu’il y a méprise insidieuse, sur la perception et l’évaluation des sommets arabes en général et ce dernier en particulier. 

D’abord, s’agit-il  d’une session ordinaire de l’instance suprême de la Ligue, le Conseil d’Etats membres, qui se tient selon toute rigueur calendaire, à titre obligatoire. Le conseil rappelons-le est bien  souverain et ses réunions sont  contraignantes. Ce en quoi diffère-t-elles d’une session extraordinaire urgente provoquée par un événement majeur, et circonscrite à sa résolution. D’où, d’ailleurs,le caractère général et thématique des résolutions du sommet tunisien.
 
Ensuite, les mécontents éternels, resservent encore  l’antienne de l’Europe exemplaire et comparent sommet arabe et sommet européen. Manque de pot, retrouve-e-ton dans les deux cas,  la même structure, la même incurie, la même inefficacité à ramener l’Angleterre à de meilleurs sentiments, à réconcilier l’Italie et la France, à dissuader la Hongrie de toute tentation extrémiste, à juguler la marée islamophobe en France….Le caractère autoritaire, l’extrême minutie juritocrate des résolutions, n’y font rien ! Et pour cause. Les sommets européens ne s’infligent pas moins d’avanies que les nôtres….

Enfin, il y a comme un filtre mental qui transforme nos perceptions en une vision en tunnel, où l’on ne perçoit plus que les aspects négatifs d’une situation.  Un tunnel cérébral qui ne fasse circuler que la détresse « perçue » à chaque input et la détresse «  réfléchie »  à chaque output cognitif! Aussi, tombons-nous en,  dans tous les biais d’interprétation : le tout ou rien, la disqualification du positif, la mise au pire, l’étiquetage global et définitif, la généralisation à outrance……. 

Dans notre évaluation de l’action arabe commune, nous faisons souvent œuvre de jugement ! de jugement, distordu, dépressif, psychologique. Ni moral ni logique. La mauvaise conscience historique, la mémoire d’échecs territoriaux et culturels, l’autoflagellation acquise  y seraient-elles pour quelque chose ? Qui sait ! 

Toujours est-il que nos mécontents éternels ne font pas mieux que nos souverains placides! Aux sournoises envolées lyriques des travées, opposent-ils d’apathiques envolées lyriques de gare ! L’antithèse n’en est pas une ! Mais bien une thèse à l’envers ! A défaite éternelle, capitulation continue……A réforme laborieuse, nihilisme fulgurant….

Or, cet «  ordre dépressif » est loin de fournir une démonstration. Pas la moindre. Que nenni. Pas de prémisses ni des conclusions. Comment alors juger un sommet Arabe ? Evaluer rigoureusement le progrès de l’action arabe commune ! Voilà la question abordée dans la deuxième partie de cette chronique. 

Jamel HENI 
 

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