L’alchimie plastique …

L’alchimie plastique …

Un bon céramiste partage avec l’artisan sa dextérité et avec le peintre son esprit inventif. Situé donc sur cette ligne médiane entre un savoir-faire ancestral et une ingénieuse créativité, le céramiste fouille dans les strates du patrimoine et se fraye en même temps un chemin à travers les méandres d’une laborieuse recherche plastique.

C’est avec cette double tâche que Boujemaa Trabelsi a réalisé les objets qui composent son exposition.

Riches en formes et en couleurs, ces objets transposent le décor de notre traditionnel paysage domestique (assiettes, vases, récipients, pots, bougeoirs…), avant de subir à leur tour une réelle métamorphose, une véritable transmutation alchimique : ils se libèrent de leurfonction domestique ou utilitaire et se muent en œuvres d’art,  ou mieux encore, ils se prêtent, en guise de surface ou de support, à une multitude de touches picturales.

Boujemaa Trabelsi a beau multiplier ces exercices, proposer une kyrielle d’objets, inventer des formes inédites, il n’en demeure pas fidèle à ce qui nous semble être le noyau névralgique qui nourrit à lui seul l’ensemble de son œuvre de céramiste  et lui donne sa cohérence et son unité : le patrimoine arabo-berbère.

Que les motifs relèvent de la faune ou de la flore, d’une vision cosmogonique ou d’une certaine application calligraphique, le souci est constant chez lui de revisiter ce riche patrimoine, de le revaloriser, de l’exhumer, d’en faire, à travers de touches et de rappels, la matière d’une glorieuse épopée.

Dans l’expérience de Boujemaa, l’artisan-artiste est doué d’une remarquable faculté :  en fabriquant ses  objets, en les potelant, les arrondissant, les modelant, il leur donne un peu de son souffle vital, un peu de sa chair, un peu de son être.  Et voilà que ces objets s’offrent à nous comme les insignes de notre identité collective. 

                                                                                   Kamel Ben Ouanès

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