L’appel des organisations des droits de l’homme à mettre fin à l’impunité de la police
Quinze organisations tunisiennes et internationales de défense des droits de l'Homme ont appelé mardi le gouvernement à mettre fin à la poursuite de « l'impunité » des forces de sécurité tunisiennes, dans une déclaration commune.
Cette lettre ouverte fait suite à une manifestation de policiers en uniforme devant le tribunal de Ben Arous, dans la banlieue sud de la capitale tunisienne, pour soutenir cinq de leurs confrères interrogés par le Parquet après avoir été accusés de torture par un prévenu.
« Un syndicat a appelé les membres des forces de sécurité à ne plus assurer leurs fonctions au Tribunal jusqu'à la libération » de leur confrères poursuivis, et à ne pas comparaître devant la justice, ont déploré les organisations, dont Amnesty International, la Ligue des droits de l'Homme, Human Rights Watch ou encore l'Organisation mondiale contre la torture.
« Nous considérons que ce qui s'est passé récemment au tribunal de Ben Arous montre la prévalence de l'impunité en Tunisie », écrivent ces associations. Elles déplorent la volonté « de perpétuer l'impunité dont jouissent les forces de sécurité pour des crimes tels que la torture », appelant les responsables politiques à réagir « promptement et publiquement aux tentatives de pression exercées par les syndicats de police sur la justice ».
Quasi aucune plainte crédible pour torture et autres mauvais traitements attribués aux forces de sécurité n'a abouti à un procès en dépit de la fin du régime policier de Zine el Abidine Ben Ali en 2011, soulignent les organisations.
Elles appellent le chef du gouvernement, les ministres de la Justice et de l'Intérieur à veiller à ce que toutes les plaintes pour torture « donnent immédiatement lieu à une enquête impartiale », et que les auteurs « se voient imposer des peines à la mesure de la gravité de leurs actes ».
Le ministre de l'Intérieur Lotfi Brahem, a assuré mardi que 202 agents avaient été traduits en justice et 729 autres devant un conseil de discipline en 2017.
Les forces de sécurité tunisiennes réclament depuis plusieurs mois le vote d'une loi réprimant plus durement les attaques contre ses membres, un texte vivement critiqué par plusieurs acteurs de la société civile.
Votre commentaire