L’art de l’hypocrisie politique

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L’obsession sécuritaire chez tous nos politiciens conjuguée à la dégradation des valeurs morales ont favorisé une nouvelle culture marquée par la victimisation, l’opportunisme, l’avidité et les postures mensongères.

La médiatisation abusive des personnalités politiques au détriment des programmes, les provocations répétées ainsi que la poursuite effrénée de vedettariat et d’objectifs matériels sont à l’origine d’un désaveu sans précédent vis-à-vis d’hommes se présentant comme les chantres du militantisme et du don de soi.

La noblesse des valeurs n’a plus de sens et la politique n’est guère plus qu’une vulgaire lutte pour les fastes de la république. De nombreuses valeurs ont changé depuis le 14 Janvier et les vieux militants et opposants au Benalisme  se révèlent plus préoccupés par leur image, leur aura et leur prestige que par les principes qu’ils défendent.

La morale se perd aujourd’hui et le nombre croissant de personnalités politiques bénéficiant de la protection rapprochée témoigne de cette ambiance délétère et de cette hypocrisie intellectuelle qui fait rage  en Tunisie.

Prétendre qu’on est soucieux de l’argent public alors qu’on roule en 4x4 suivi d’un cortège de grosses berlines et escorté de policiers 24h/24  aux frais du contribuable ne relève guère  de l’honnêteté intellectuelle revendiquée par certains.

Face à cette hypocrisie et ce manque de loyauté, les Tunisiens  commencent à désespérer de ces hommes politiques qui revendiquent une morale de façade démentie par des actions et des postures équivoques.  

La  cinquantaine d'hommes politiques dont  Mahmoud Baroudi, Samir Betaieb, Mongi Rahoui, Hamma Hammami, Ameur Laarayedh, Mehrezia Laabidi,…..nagent  dans les contradictions et les paradoxes. Alors qu’ils prônent tous la rigueur budgétaire, dénoncent les paillettes, le salaire présidentiel de 30 000 dinars mensuel et le coût exorbitant d’un gouvernement élargi, ils n’hésitent pas à recourir à la victimisation pour profiter indument des fastes de la république et coûter ainsi des millions de dinars à l’Etat.

L’hypocrisie  se nomme politique et la morale et les vertus  sont  bafouées par tant de déni, d’ingratitude et de mensonges. Vedettes cathodiques au hasard d’une révolution qui n’est pas la leur et tribuns publics maniant le verbe et la parole au prix du sang de misérables innocents, ces chantres de la pudeur et de l’amour du peuple se révèlent champions de la tricherie, de la mesquinerie et de la trahison. Tous s’évertuent à se servir de la révolution plutôt qu’à la servir, se gratifient de privilèges, se remplissent les poches par les millions de dinars  des lobbies locaux et étrangers, profitent des audiences des ambassadeurs des pays frères et amis pour envoyer leurs progénitures dans les plus grandes universités parisiennes et jubilent de cette nouvelle posture de victime pour justifier une protection rapprochée et les millions de dinars y afférentes.

Autre signe de l’immoralité et de la décadence des valeurs est cette exhibition médiatique obscène des hommes politiques qui se servent de la religion et de la piété pour les uns et  de  la misère et de la violence pour les autres afin de  déguiser leurs  véritables caractères, de masquer leurs vraies intentions et de transformer leurs incompétences en vertus quantifiables.    

Il est toujours surprenant de voir les hommes politiques faire de la morale et parler de probité et d’éthique alors que la circulaire du Premier ministre sur la déclaration de patrimoine des ministres n’est pas respectée, que nos leaders politiques ne révèlent rien de leur patrimoine et que les comptes des partis politiques et leur financement restent un secret bien gardé.

Jalel JEDDI