Le feu du désespoir

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Désespoir, désarroi, tristesse, dégoût, pessimisme, ras le bol de la vie, chantage à l’injustice et à l’oubli, déni d’un vécu amer,  problèmes de chômage, cri contre la misère, le phénomène de l’immolation devient contagieux et les actes se multiplient touchant des hommes et des femmes frappés par la précarité et la pauvreté et déçus de l’attitude des politiques plus préoccupés par les postes et les fastes de la République et les théories d’endoctrinement que par la misère d’une jeunesse qui souffre.

L’immolation de Bouazizi en Décembre 2010  qui a mis à nu le déséquilibre régional, les problèmes de chômage, suscité un élan de sympathie et de solidarité du monde entier et qui est venu à bout du système  en place n’est plus le panacée de l’ancien régime et hélas le nombre d’immolations s’est multiplié devant une indifférence totale du pouvoir actuel.

Les oubliés de la République, une caste qui compte de plus en plus d’adeptes et de disciples, veulent  montrer leur désespérance à la face d’une classe politique qui s’est approprié sa première victime pour en faire un héros et qu’une fois au pouvoir a balayé d’une main leurs revendications , leur tristesse  et leur misère  au détriment de préoccupations idéologiques , politiques et sociales totalement décalées de la réalité de cette caste qui souffre.

L’acte  d’immolation, au-delà de son caractère spectaculaire, prend  toute sa dimension protestataire  et le dernier incident survenu le Mardi 12 Mars 2013 en plein centre de Tunis sur l’Avenue Habib Bourguiba , l’artère de la protestation populaire , est de nature à interpeller les politiques et la société civile  sur ce qui pousse un jeune de 27 ans à agir de la sorte .

Lassé des promesses électorales non tenues, dégoûté par la bataille de coqs qui ronge les chefs, déçu des députés chèrement payés  pour ne rien faire, désespéré  des politiques affamés par le pouvoir, surpris de l’indifférence, cette énième victime  de la misère a voulu tancer nos élites et nos politiques sur les vraies urgences du moment : ce ne sont ni  l’excision des jeunes filles, le voile des anges, le jihad, la chariaa, l’exclusion des anciens RCDistes, les Ligues de protection de la Révolution, le régime  politique, le facebook payant, la libération de Sami Fehri, le Harlem Shake ,…qui vont sauver ces jeunes du danger de la contagion et qui vont donner de l’espoir à cette caste désespérée.

Nos politiques,  toutes tendances confondues, se doivent de se pencher sur ces cas de plus en plus nombreux et tirer les leçons de l’immolation de Bouazizi  qui est venu à bout d’un régime de 23 ans.

Jalel JEDDI