Le grand flou de l’économie tunisienne

Le grand flou de l’économie tunisienne

Par Amine Ben Gamra

Actuellement en Tunisie, le chômage des jeunes s’élève à 35,7 % et celui des diplômés universitaires à 30,1 %. Entre un tiers et la moitié de l’activité économique est informelle, échappant ainsi à l’impôt, tandis que la bureaucratie produit encore plus de formulaires à remplir, alimentant ainsi la corruption.

Le pays est petit à petit vidé de ses ressources humaines : de plus en plus de médecins, d’ingénieurs s’expatrient, suivis maintenant par des plombiers et des électriciens.  De nombreux Tunisiens expriment une nostalgie pour une époque où la croissance annuelle était de 4 à 5 %. Les industriels tunisiens plient bagage et partent au Maroc et en Turquie. Les riches ont leurs capitaux offshores parce qu’ils n’ont aucune confiance en l’avenir de leur pays.

La corruption s’est rapidement développée en Tunisie, que le système de sécurité sociale ne protège pas les plus pauvres et profite paradoxalement largement aux mieux nantis, aggravant ainsi les inégalités et les tensions sociales.

Aujourd’hui l’Etat est fortement centralisée et pèse lourdement sur l’ensemble de l’activité économique.  Le contrôle bureaucratique et le pouvoir de la fonction publique d’accorder des licences, des autorisations, des crédits ou une dérogation douanière constituent autant d’obstacles à l’émergence de nouveaux acteurs et de nouveaux investissements.

Les entrepreneurs privés sont étouffés par l’interminable liste de permis dont ils ont besoin de la part de fonctionnaires souvent mal équipés pour comprendre, et encore moins juger de ce dont une entreprise privée a besoin. Tout cela consomme du temps que le secteur privé, opérant dans un environnement international en plein cœurs, ne peut pas épargner. Le système actuel étouffe l’innovation et la croissance.

Le décret 218-417 qui a été publié il y a trois ans et, avec 221 pages, est le plus long texte juridique de l’histoire du pays. Son objectif, qui a totalement et totalement échoué, était d’améliorer l’environnement des affaires. Il énumère 243 licences et autorisations de ce genre, mais seulement six d’entre elles ont été annulées dans les deux ans qui ont après sa publication.

La décision audacieuse du président, de limoger le chef du gouvernement et de geler le parlement, dimanche 25 Juillet 2021, donne une dernière chance d’assouplir les barrières administratives aux investisseurs surtout que le retour de la croissance dans l’Union Européenne, qui représente les deux tiers des échanges extérieurs de la Tunisie, sera très bientôt. Notre pays doit se préparer et être en mesure le jour J.

Actuellement, l’économie tunisienne est en panne,la situation est très délicate et on manque des ressources mais on citera deux de vers célèbres du poète Abu al-Qassem Chebbi : Lorsque un jour le peuple voudra vivre, le destin l’exaucera infailliblement, la nuit se dissipera nécessairement et le carcan se brisera immanquablement.

Amine BEN GAMRA
Expert Comptable
Commissaire Aux Comptes
Membre de l'Ordre des Experts Comptable de Tunisie

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