Le mouvement des chefs de mission diplomatiques et consulaires dans l’impasse ?

Le mouvement des chefs de mission diplomatiques et consulaires dans l’impasse ?

 

Au moment où les événements dans le monde se bousculent avec leurs lots de problèmes et difficultés, la diplomatie tunisienne donne l’impression d’être tétanisée. Pour peu on dirait que notre pays tourne le dos aux affaires régionales et internationales qui pourtant se déroulent à ses portes.

Pas de réaction officielle à propos de la normalisation entre les Emirats arabes unis et Israël, comme si cela ne nous concernait pas. Aucun communiqué au sujet des événements qui viennent de se dérouler au Mali, pays géographiquement proche où pourtant nous comptons des officiers tunisiens dans la mission des Nations Unies pour la stabilisation de ce pays qui fut dirigée à un moment par un Tunisien, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Mongi Hamdi.

Prendre prétexte de la non-ingérence dans les affaires intérieures des pays frères et voisins pour observer le silence n’est pas la bonne orientation à prendre. Parfois il importe d’exprimer son inquiétude et de dire sa préoccupation, c’est bien la moindre des choses.

N’eut-été notre appartenance au Conseil de Sécurité de l’ONU où nous disposons d’une équipe de brillants diplomates qui a montré une détermination à toute épreuve pour faire adopter une résolution sur la pandémie de la Covid-19 appelant à la cessation des hostilités dans tous les conflits qui secouent le monde, nous serions en dehors du temps et de l’espace.

Même dans le conflit libyen qui est à nos portes et qui représente une affaire de sécurité nationale pour notre pays, nous ne faisons qu’observer de loin ce qui s’y passe sans s’inquiéter outre mesure des risques d’embrasement dont les ingrédients se mettent en place les uns après les autres à notre corps défendant.

Sans l’inquiétude croissante de l’Italie et de l’Europe pour le phénomène de la migration irrégulière à partir de nos côtes, le sujet ne serait pas abordé. Pourtant ni les idées ni les approches ne manquent pour contenir un fléau qui fait du tort à l’image de notre pays et que nous devrons prendre à bras-le-corps en lui trouvant les solutions idoines sur les plans interne et externe.

Tout cela se passe alors que le pays ne dispose pas de ministre des Affaires étrangères de pleines fonctions. C’est pour la seconde fois en quelques mois qu’on se retrouve avec un secrétaire d’Etat assumant l’intérim du ministre. Alors même que l’instabilité au niveau du chef de la diplomatie est une tare qu’il faut éviter, se retrouver dans ce cas de figure est sans doute pénalisant pour le ministère et tout son personnel.

Cette fois-ci, il est d’autant plus pénalisant qu’il est concomitant avec un événement annuel majeur au sein du département, celui du mouvement des chefs de mission diplomatiques et consulaires. L’exercice est d’autant plus problématique qu’il est le premier du genre depuis l’accession du président de la République Kaïs Saïed à la magistrature suprême.

Les affaires étrangères étant son domaine réservé, même s’il en partage la gestion avec le chef du gouvernement, le dernier mot lui revient dans le choix des hauts fonctionnaires appelés à diriger ambassades, consulats généraux et consulats.

C’est semble-t-il ce mouvement qui a constitué la pomme de discorde ayant accéléré la mise à l'écart de l’ancien ministre des Affaires étrangères Noureddine Erray. D’après certaines fuites, la directrice du cabinet présidentiel Nadia Akacha lui aurait demandé de présenter trois candidats pour chaque poste avec leur CV pour donner la possibilité au chef de l’Etat de choisir le meilleur.

Mais cette méthode si elle peut être mise en application pour d’autres responsabilités administratives ne saurait être prises en compte pour le choix des ambassadeurs, consuls généraux et consuls. En effet, le choix se fait selon plusieurs critères dont la maitrise de la langue, la connaissance des dossiers notamment.

La chose est autrement plus complexe et problématique puisqu’un nombre important de postes et non des moindres sont à pourvoir parmi lesquels on cite au niveau des ambassades : Paris, Washington, Bruxelles Berlin, Ryadh, Le Caire, Mascate, Addis-Abeba, Bagdad, Berne, Beyrouth, Budapest, Koweït, Madrid, Nouakchott, Oslo, Ramallah(Palestine), Stockholm, et Yaoundé. Quant aux consulats généraux et consulats, on trouve sur la liste Paris, Milan, Jeddah, Dubaï, Strasbourg, Annaba, Damas, Gênes, Hambourg, notamment.

Traditionnellement, une conférence des chefs de mission diplomatiques et consulaires se tient aux mois de juillet-août qui s’achève sur un discours du chef de l’Etat donnant les grandes orientations de l’action diplomatique. Les différentes ministres exposaient auparavant la situation dans les différents domaines. C’est d’ailleurs concomitamment avec cette conférence que le mouvement des chefs de mission est rendu public.

Convoquée plusieurs fois et chaque fois reportée, cette conférence qui devait se tenir en visioconférence n’a toujours pas eu lieu Est-ce pour cette raison que le mouvement des chefs de mission diplomatiques et consulaires est dans l’impasse. C’est à craindre.

Alors que la rentrée arrive à grands pas, il devient urgent que ce mouvement soit achevé. Il ne saurait souffrir de plus de retard

RBR

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