Le rôle économique du Président de la République

Le rôle économique du Président de la République

 

 

Le Président de la République a un rôle important à jouer en matière de diplomatie économique et de souveraineté nationale financière. Je partage ici quelques idées que je n'ai cessé de mentionner depuis des années et qui ont fait l'objet du sixième chapitre du livre sous-mentionné "Daring Innovative financial channels for Development and Social Inclusion"

Il est important dans la prochaine période que la Tunisie puisse compter sur des ressources financières autres que l'endettement extérieur. On pense naturellement aux Investissement Directs Étrangers (IDE) et  aux Investissements en portefeuille : deux sources qui ont fait défaut ces dernières années. Cela suppose de mettre en place une stratégie de transformation économique avec des arguments forts de rentabilité et de stabilité. Cela suppose également de nouer des relations très développées avec les institutions internationales de développement (J'ai été surpris de lire dans Al Maghrib qu'une société comme El Fouledh est en retard de restructuration malgré l'existence de deux options approuvées par tous les partenaires; dont l'une consiste à trouver des clients capables de fournir des avances suffisantes pour financer l'achat de matières premières. Alors qu'une solution aurait pu être trouvée par exemple avec l'ITFC institution de financement du commerce extérieur du Groupe de la BID).

Mais au-delà du financement extérieur classique, je suis convaincu que la Tunisie ne pourra réaliser sa transformation économique sans catalyser des instruments de financement non conventionnels à la fois pour lever des fonds en interne et à l'extérieur. On pense ici au CROWDFUNDING et aux DIASPORA IMPACT BONDS par exemple. De plus, il est également important de penser à convaincre les amis de la Tunisie à la reconversion d'une partie de la dette en IDE et à rééchelonner une autre partie, pour donner au budget de l'Etat l'espace nécessaire à l'investissement et réduire le fardeau croissant du remboursement du principal et intérêt de la dette... Là également le rôle du Président de la République est important.

De plus, les prérogatives du Président de la République en matière de souveraineté nationale lui permettent de prendre des initiatives pour limiter la fuite illégale des capitaux tunisiens à l'étranger, en mettant en place des mécanismes de contrôle efficaces des frontières et en modernisant le contrôle des opérations de fausses déclarations au niveau du commerce extérieur.

Une autre initiative pourra être la création d'une institution publique de solidarité (avec un conseil d'administration et une gouvernance moderne...) capable de canaliser les ressources de philanthropie pour accompagner les efforts de développement de l'Etat. On pense au fond de solidarité 26-26, mais ce n'était qu'une caisse noire sans aucune transparence, ni gouvernance.... 

Cette institution publique de solidarité (quitte à transformer l'Union Tunisienne de Solidarité Sociale  الإتحاد التونسي للتضامن الإجتماعي) permettrait à l'Etat d'occuper le terrain social de manière efficace et évite sa politisation... Elle sera redevable au parlement et pourquoi pas au conseil du marché financier (lorsqu'il s'agit de lancer des instruments de financement modernes comme les SOCIAL IMPACT BONDS pour financer des projets à caractère social PRÉALABLEMENT identifiés dans les régions défavorisés ou bien pour permettre le financement de micro-projets pour les jeunes...

Il est également conseillé que le Président de la République puisse jouer un rôle dans la proposition de solutions concernant les participations minoritaires de l'Etat dans les entreprises/banques publiques.  "Dans ce cas, la constitution d'une société de portefeuille publique, avec une participation des travailleurs serait une solution envisageable, à l'instar de Tamasek Holding en Singapore qui constitue un exemple à suivre

Une présentation faite depuis deux ans est disponible ici : http://www.legi.tn/Nabi_fichiers/innovativefc.pdf

Mahmoud Sami Nabi (Auteur de "Making the Tunisian Resurgence" chez Palgrave MacMillan, 2019)

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