L’élection de Kais Saied « témoigne d’une volonté de repartir à zéro », selon un universitaire français

L’élection de Kais Saied « témoigne d’une volonté de repartir à zéro », selon un universitaire français

 Pour Pierre Vermeren, cet universitaire, agrégé et docteur en histoire, l’élection de Kais Saied, « ce chantre de la révolution de 2011, « est un excellent signal et un signe de la bonne santé de la démocratie tunisienne ». Le déroulement démocratique de l’élection présidentielle en Tunisie est, également, « un bon signe pour le pays et plus généralement pour le Maghreb ». Dans un entretien accordé au Figarovox, il pense que « dans le contexte de fort appauvrissement de la population, c’est un résultat très intéressant et très encourageant. C’est la première fois que quelqu’un dans le monde arabe, en particulier au Maghreb doit son élection à un fonctionnement purement démocratique. Cet homme inconnu a surgi et s’est imposé pour diverses raisons. Mais son élection résulte du choix du peuple tunisien. Nous le voyons avec le score qu’il obtient (près de trois quarts des votants l’ont choisi): il s’agit d’un choix volontariste, déterminé et convaincu .

Cette élection témoigne d’une volonté de repartir à zéro par rapport à la vieille classe politique ».

Il explique que « ce vote traduit une forte attente de renouvellement. L’élection précédente - la première élection présidentielle au suffrage universel direct - avait pour but de purger les comptes du passé et opposait un bourguibiste et un islamiste. Tout cela se déroulait suivant la vieille scène politique. Les candidats d’alors étaient tous assez âgés. En élisant un président de près de 90 ans, les Tunisiens avaient conscience de l’aspect transitoire de cette élection. Il s’agissait de revenir au bourguibisme et de parer au risque d’un ré-enracinement.

Cette élection en revanche, témoigne d’une volonté de repartir à zéro non seulement par rapport à la vieille classe politique mais aussi par rapport aux groupes politiques qui s’étaient emparés de la scène politique depuis la Révolution. Ils n’ont pas répondu aux attentes de la population ni en termes de croissance et de développement, ni en termes de lutte contre la corruption, et n’ont pas été capables de donner des perspectives à la population. Ils ont géré les affaires courantes, ils ont criblé de dettes le pays, ils ont ruiné une partie de la population. Le bilan est très décevant même si les défis gigantesques ne peuvent être sous-estimés.

Il y avait donc une volonté de donner la main, non à quelqu’un de jeune, mais à quelqu’un qui n’a radicalement rien à voir avec les équipes politiques précédentes et qui a fait de l’honnêteté et de la lutte contre la corruption son credo. Il n’a pas promis des merveilles - contrairement à son rival qui pouvait vendre du rêve au regard de sa trajectoire personnelle - mais a promis d’accomplir les promesses de la révolution, modestement et avec détermination, là est l’essentiel ».

https://www.lefigaro.fr/vox/monde/pierre-vermeren-l-election-de-kais-saied-temoigne-d-une-volonte-de-repartir-a-zero-en-tunisie-20191016

Votre commentaire