Les « Chiennes de garde »

Les « Chiennes de garde »

Retour sur cette fameuse journée du 8 mars, Journée internationale de la femme, et bref rappel historique. Cette date correspond, en fait, à une grève des travailleuses de l'industrie textile à New York qui, le 8 mars 1857, ont cessé le travail pour protester contre leurs maigres salaires et leurs mauvaises conditions de travail. Commémorée, pour la première fois, en 1910, cette journée a été, officiellement, proclamée par les Nations unies Journée internationale de la femme en 1975. Partout dans le monde, on célèbre cette journée par des manifestations et des slogans accrocheurs et des actions, dès fois, originales. Et cette année, les Nations unies ont choisi de célébrer la Journée sous le thème : « L’heure est venue : les activistes rurales et urbaines transforment la vie des femmes »

Si dans plusieurs pays, les femmes doivent encore lutter pour la reconnaissance de leurs droits les plus élémentaires, comme l'accès à l'école et à la citoyenneté, le droit à un travail rémunéré...,dans d'autres, qui ont fait de la participation active de la femme à l'œuvre de développement une composante essentielle de leur modèle de société, les aspirations ont plutôt pour noms une plus grande présence dans la vie publique et dans la population active, une représentativité plus importante dans les institutions et un rôle de partenaire à part entière au foyer. Comme c'est le cas chez nous en Tunisie où la femme dispose, grâce au père de l'indépendance Habib Bourguiba, d'un statut que lui envient plusieurs de ses semblables, même dans les démocraties les plus ancrées. Elles ont, au cours des quatre dernières années, fait échouer toutes les velléités d'une remise en cause des acquis.

Le 11 Aout dernier, une loi historique et intégrale a été adoptée pour mettre fin à « toutes les formes de violences faites aux femmes, y compris la violence économique et où la loi impose aux femmes de contribuer aux charges de la famille si elle a des biens ». Elle renforce la protection des victimes et abolit des dispositions jugées rétrogrades.
On a beau dire que la Tunisie est « pionnière en matière de droits des femmes dans le monde arabe », mais les Tunisiennes restent victimes de discriminations dans de nombreux domaines, dont « l’inégalité successorale » qui « freine l’entrepreneuriat féminin, appauvrit les femmes et réduit leur autonomie ». L’appel lancé par le président de la République Béji Caid Essebsi, le 13 août 2017, pour introduire l’égalité successorale entre hommes et femmes a suscité des remous chez les tenants d’une idéologie rigoriste et rétrograde. Bochra Belhaj Hmida et les membres de sa commission savent à quoi s’en tenir. Car en même temps, on continue de débattre sur la polygamie.

La société tunisienne demeure marquée par le phénomène du machisme, «suprématie du mâle, faite par et pour le mâle». Phénomène présent dans certaines sociétés européennes comme la société française où une association, au nom fort révélateur, «les Chiennes de garde», en l'occurrence, a vu le jour pour lutter contre la «violence machiste», laquelle englobe, entre autres, violence physique, harcèlement et sexisme. Mais aussi et surtout les dérapages linguistiques, c'est-à-dire le fait de traiter les femmes de qualificatifs ignobles, et qui ne sont que des vieux réflexes sexistes. Il est vrai que, partout, la femme gagne du terrain et que, partout, les thèses féministes rencontrent, non sans difficultés, l'adhésion des décideurs, y compris dans les plus hautes sphères de l'Etat. Toutefois, c'est au niveau des mentalités qu'on doit le plus agir. Les associations féminines et féministes doivent faire preuve de plus de vigilance et se transformer, s'il le faut, en «chiennes de garde» pour surveiller les dérapages et donner, si besoin est, l'alerte. 

L’égalité est un long combat qui ne s’arrête pas à la promulgation des textes. Les femmes continuent de subir toutes les formes de ségrégation, de violences physiques, morales et sexuelles. Depuis l’entrée en vigueur, en février dernier, de la nouvelle loi sur les violences faites aux femmes, 900 plaintes ont été déposées par des femmes victimes de violence.

B.O

 

 

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