Les élèves en abandon scolaire obligés désormais de suivre une formation professionnelle

 Les élèves en abandon scolaire obligés désormais de suivre une formation professionnelle
 
 
L’évènement : un conseil ministériel restreint a adopté, hier(mardi 23 février 2016), un projet de loi obligeant les élèves en décrochage scolaire (arrêt d'études avant l'obtention d'un diplôme), à suivre une formation professionnelle. 
 
Concrètement, la nouvelle législation va prévoir « des mécanismes pratiques à même de consacrer le droit à la formation professionnelle, de garantir aux élèves qui interrompent leur scolarité une insertion professionnelle et sociale. L’objectif est de les prémunir contre les risques de déviance et de marginalisation et d’extrémisme ». 
 
Il s’agit, de toute évidence, d’une mesure de la première importance en ce sens où elle concerne quelque 100 mille jeunes qui abandonnent, chaque année,  leur scolarité, en Tunisie. Un chiffre qui fait froid dans le dos.
 
L’abandon scolaire, qui était un sujet tabou avant 2010, commence à choquer plus d’une partie. Les départements en charge du dossier en l’occurrence, les ministères de l’Education et de la formation professionnelle en sont conscients et commencent à traiter le dossier  avec professionnalisme. Le nouveau projet de loi en est une illustration éloquente. 
 
Une loi n’est pas suffisante 
 
Néanmoins, la  proposition d’un projet de loi est certes une bonne initiative pour contenir le phénomène du décrochage scolaire mais n’est pas suffisante. 
 
Il importe de l’accompagner par toute une philosophie-stratégie tendant à ancrer définitivement le besoins de se doter d’une formation, voire d’un savoir faire pratique dans les mœurs des tunisiens.
 
Dans cette optique, le gouvernement gagnerait à mettre au point un plan de lutte contre le décrochage scolaire, à se fixer des objectifs clairs, à viser l’obligation des résultats et s’inspirer, à cette fin, des expertises développées avec succès dans certains pays.  
 
Ainsi, dans des pays comme le Canada (Québec) et la France, la lutte contre le décrochage scolaire est considérée comme la priorité des priorités. Il s’agit de faire en sorte que l’école, d’abord, et le centre de formation professionnelle, en cas de besoin, puissent doter chaque jeune d’une formation efficace devant l’aider à construire son avenir professionnel et à réussir sa vie en société. Dans cette perspective, deux objectifs sont recherchés : prévenir plus efficacement le décrochage des jeunes sortant sans qualification du système éducatif et faciliter le retour vers l’École des jeunes ayant déjà décroché.
 
Ce dernier objectif est déjà mis en exécution en Tunisie. Le dynamique ministre de l’Education, Neji Jalloul a décidé de permettre aux élèves ayant interrompu leurs études de réintégrer leurs écoles. Mieux Un numéro vert est mis à la disposition du public en vue de permettre aux élèves ayant interrompu leurs études de recouvrer leur droit à l'enseignement.
 
L’ultime objectif étant l’employabilité et non l’emploi
 
Par ailleurs parmi les objectifs majeurs à se fixer, figure celui de veiller à l’employabilité des jeunes formés. Car, l’essentiel dans la formation professionnelle ce n’est pas la formation pour la formation mais la formation en vue de se créer soit un emploi indépendant (une source de revenu) soit un emploi adapté à l’offre des entreprises.
 
Au regard du nombre effrayant des diplômés du supérieur sans emploi (242000 sur un total de 700 mille chômeurs) et de celui des jeunes en décrochage scolaire (100 mille par an), l’idéal serait comme le suggère Moncef Sallami, député, d’investir dans la formation de qualité dans tous les secteurs. Le député rappelle que la plupart des diplômés sans emploi n’ont aucune qualification pratique d’où pour lui l’enjeu de cesser de leur donner, sans discernement, subventions, indemnités, primes et autres aides, et de leur inculquer au préalable une formation ciblée et adaptée à leurs aptitudes et au marché.
 
Il estime que la solution la plus appropriée pour vaincre le chômage et l’abandon scolaire est « de créer dans chaque ville, un centre de formation, un centre culturel et un centre sportif » dans l’ultime objectif de réunir toutes les conditions d’insertion, d’épanouissement et de sédentarisation des jeunes. A bon entendeur. 
 
KIM
 

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