Les inquiétudes de Musptapha Ben Jaafar

Les inquiétudes de Musptapha Ben Jaafar

Dans un entretien avec le journal la presse publié ce lundi 5 février, l’ancien président de l’Assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jaafar a déploré le retard accumulé dans la mise en place des institutions de la république définies dans la Constitution de janvier 2014. « Aujourd’hui, pourquoi la Cour constitutionnelle n’est pas encore en place ? Parce qu’elle constitue une institution de contrôle et donc un frein pour ceux qui veulent avoir les mains totalement libres… Vous vous rappelez le feuilleton qu’on a vécu pour la mise en place du Conseil supérieur de la magistrature, tous les va-et-vient répétés entre l’Assemblée et le comité provisoire qui était chargé du contrôle de la constitutionnalité des lois ? ». Selon lui, « l’Assemblée des représentants du peuple a mal fonctionné au niveau de ses commissions parce qu’elle a refusé de tenir compte de la Constitution. Un entêtement incompréhensible, d’où la perte de 6 mois. Les gens se croient autorisés à faire ce qu’ils veulent, ce qui leur passe par la tête, c’est une mentalité. Ils n’ont pas encore intégré l’idée qu’il y a eu, en Tunisie, une révolution. Une révolution, c’est un changement et ce changement n’est pas assimilé par tout le monde. Vous imaginez que, quatre ans après l’adoption de la Constitution, très peu d’effort a été fait pour mettre notre arsenal juridique en conformité avec la Constitution ».

Pour ce qui est des élections municipales, Ben Jaafar s’inquiète qu’à « quelques mois du scrutin, la loi sur les collectivités locales n’a pas encore été adoptée. Et on commence à entendre quelques voix qui disent que le pouvoir local et la décentralisation risquent de miner l’unité de la nation. C’est un discours passéiste. On peut très bien concevoir que lorsque le pouvoir local sera mis en place, cela se fasse d’une manière progressive mais cette politique des étapes ne doit pas aller à l’encontre de la décentralisation. Il faut faire confiance aux Tunisiens et il faut admettre qu’il va y avoir, comme dans toutes les transitions, des moments difficiles, des problèmes épineux à résoudre. L’autonomie financière et administrative, c’est quelque chose de nouveau. On était tellement habitué à la centralisation et la concentration du pouvoir qu’on a du mal à accepter cela. Qu’est-ce qu’on fait avec nos enfants, à un certain moment ils doivent voler de leurs propres ailes ? Il faut faire confiance aux municipalités et aux pouvoirs régionaux qu’il faut installer aussi rapidement, puis suivre, contrôler. La décentralisation ne veut pas dire atteinte à l’unité nationale. La démocratie locale est la vraie démocratie participative ».

http://www.lapresse.tn/index.php?option=com_nationals&task=article&id=14...
 

Votre commentaire