Lettre à Kalthoum Kannou: Assez de populisme et de ségrégation !

Lettre à Kalthoum Kannou: Assez de  populisme et de ségrégation !

Par Abdessater KLAI

Madame Kannou propose au premier Ministre désigné Youssef Chahed de bannir les citoyens Tunisiens binationaux de tout poste ministériel dans le prochain gouvernement d’Union Nationale. Quelle mouche l’a piquée en plein été et en pleine canicule ?

Les Tunisiens résidant à l’étranger. Ceux qui sont partis chercher du travail et fuir la misère et l’oisiveté, ceux que les études ont poussés à l’exil, choisissant après de s’installer dans les pays d’accueil. Ceux qui n’ont pu résister aux offres alléchantes et aux perspectives de carrière, et ceux que la dictature, la répression et le climat politique et social malsains ont forcé à fuir le pays.

Tous ces Tunisiens à l’étranger, en Europe, en Amérique, dans les pays du Golfe, et un peu partout dans le monde, ont la Tunisie dans le cœur et n’ont jamais coupé les liens avec la mère patrie. Leur contribution à l’effort national de développement n’est pas à démontrer soit par le transfert de devises ou par la création de projets, même dans les coins les plus reculés du pays. Cet effort de participation effective à l’œuvre de développement et ce dévouement patriotique sont métamorphosés aujourd’hui par la victoire de la grandiose Révolution du 14 janvier.

Si l’ancien régime a, en quelque sorte, bénéficié et engrangé les dividendes des efforts de notre communauté à l’étranger, la Révolution et la Tunisie s’attendent à ce que cet effort soit encore accentué et plus significatif. Or Mme Kannou veut les exclure complétement de la vie politique de leur pays en leur interdisant d’occuper des postes de responsabilité. Et pourquoi pas les priver également du droit de vote, voire les déchoir de la nationalité tunisienne et leur interdire d'être enterrés dans un cimetière musulman en Tunisie. Le populisme a bien prospéré pendant ces 5 dernières années.

Plus d’un million de Tunisiens qui vivent à l’étranger et contribuent depuis les années 60 à l’essor de la vie économique et sociale de la Tunisie. Mme vous oubliez que presque dans chaque famille tunisienne se trouve au moins un de ses membres à l’étranger. Mme Kanou vous ne pouvez pas ignorer cette réalité éclatante de notre société vous l’ex candidate aux élections présidentielles.

Madame le Juge, sachez une chose, qu’avec cette proposition, vous rejoignez le combat de l’extrême droite et des identitaires de l’Europe et que vous vous trouvez hors du cercle des démocrates de ce pays.

Les Tunisiens à l’étranger ont participé à la Révolution, l’ont soutenue et le devoir leur impose, dans les conditions par lesquelles passe le pays, d’être au premier rang des acteurs de la reconstruction pour réussir la phase transitoire et mettre définitivement le pays sur les rails de la prospérité et de l’essor économique. Ils ne peuvent pas accepter d'être répudié, montré du doigt par cette exclusion à l’élection présidentielle ou pour occuper des postes de responsabilités pour exercer leurs compétences au service de leur pays et de leur peuple. Citoyens comme les autres sinon c'est de l'apartheid.

Ils ont accompagné activement le peuple et lui ont apporté soutien et aide et ils sont capables  d’être parmi les artisans de la Tunisie nouvelle, la Tunisie des libertés, de la justice et de la démocratie comme électeurs, élus et acteurs de la vie politique. Nous voulons exercer nos droits et nos devoirs de citoyens. C’est ce que le pays attend d’eux.

Mme Kannou, je vous dédie cet hymne d’amour de la patrie d’un binational en espérant vous faire réfléchir, de revenir sur cette proposition pas digne d’un juge et de s’excuser publiquement auprès des binationaux qui sont touchés dans leur dignité et leur fierté d’appartenir à ce beau pays la Tunisie.

Je t’aime ma Tunisie, mon beau pays, qui m’a donné la vie et t’en suis reconnaissant.

Tu m’as tant aimé sans retenue.

Tu m’a tant appris à ne pas piller tes richesses ni trahir ta confiance.

Tu m’as appris à défendre toujours l’intérêt général avant le mien.

Tu m'as élevé en un homme digne, respectueux de l’autre.

Tu m’as inculqué les bonnes valeurs et les principes d’être un Homme "citoyen" du monde.

Tu m'as toujours répété : reste debout, ne plies jamais, défends ta dignité et ta condition humaine.

Tu m’as offert les lumières dans tes écoles,

Tu m’as permis d’être un homme moderne et réfléchis là où je suis passé.

Tu m’as appris via tes 3000 ans d’histoire la tolérance, l’amour de l’autre, le respect des différences.

Mon beau pays, je te dois ma vie et je t’en suis reconnaissant à vie

Mme Kannou ancienne candidate aux présidentielles de 2014, vous aurez du nous apporter plutôt la réponse à la question posée : « Comment la Tunisie pourrait-elle profiter de tous ses enfants qui veulent la servir sans s'en servir?»

C'est d'abord à ton pays de tenir, envers toi, un certain nombre d'engagements. Que tu y sois considéré comme un citoyen à part entière, que tu n'y subisses ni oppression, ni discrimination, ni privations indues. Ton pays et ses dirigeants ont l'obligation de t'assurer cela ; sinon, tu ne leur dois rien.

 Abdessatar KLAI

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